René n'a pas la forme. Ses poèmes sur l'immensité de l'espace intergalactique n'intéressent que lui et, à la rigueur, son co-pilier de comptoir qui se contente de l'écouter poliment. Déçu d'avoir manqué son destin, René se réfugie dans le pinard et la déprime... jusqu'au jour où l'inimaginable lui est révélé : René n'est pas vraiment un prolo alcoolique et moche, non : en fait, il n'est autre que Valérian, agent spatio-temporel au service de l'empire galactique, dont les actes héroïques ont fait date. Seul hic : il a perdu la mémoire et changé de corps. René-Valérian décolle donc pour l'espace, y rejoint sa chère Laureline, et se met en quête de son ancienne identité.
S'imaginer Valérian métamorphosé en rustre moustachu à l'humour gras n'est pas forcément évident, même en n'ayant, comme moi, qu'une connaissance limitée de la série de Christin et Mézières. Cependant, c'est ici Manu Larcenet qui se charge d'apporter sa vision toute particulière de cette dernière, et ce monsieur a beaucoup de talent. Contrairement à ce qu'une première impression pourrait laisser paraître, « L'armure du Jakolass » n'est pas une caricature grotesque, les codes de la série sont tout au plus détournés au sein d'une réelle histoire à base de génocide global et de bestioles géantes de l'espace. C'est plutôt bien joué : les fans de la série n'ont pas vraiment de raison d'être outrés, et les lecteurs peu familiers n'en ont pas plus de se sentir largués. Mieux, en ce qui me concerne, ça m'a donné envie de partir à la découverte de ce vieux classique de la BD de science-fiction.