EDIT : nouvelle critique datant de 2016
J'avais oublié que je l'avais cet album. Relecture donc.
J'ai pris moins de plaisir que la première fois. Pourtant, j'avais à peu près tout oublié, donc ce fut une véritable re-découverte du récit. Et je dois dire que les premières pages annoncent du lourd : ce moustachu bien français propulsé dans l'espace parce qu'il aurait en lui l'âme de Valérian (série que je n'ai toujours pas attaquée mais que je me suis procuré depuis). C'est drôle et ça promet quelque chose d'épique en même temps. Sauf que ça ne décolle plus vraiment et que ça finit même en carabistouille. D'une platitude affligeante. Tout n'était prétexte qu'à quelques gags. L'aventure ne prend donc jamais vraiment, laisse le lecteur sur sa faim parce que rien n'est exploité, même pas les idées piquées ailleurs (notamment chez Carpi). Dommage.
Dommage parce que Larcenet m'a largement convaincu avec son graphisme. Il s'adjoint ici des services de Pourquié pour réaliser les couleurs, ce qui amène une ambiance toute particulière au récit. Bon, parfois, ce dernier en fait un peu trop là où un peu plus de simplicité et d'humilité fonctionneraient mieux. N'empêche qu'il y a un côté expérimental assez tripant, de quoi se demander où commence la créativité de l'un et où se termine celle de l'autre. Larcenet, lui, se contente de délivrer un trait tremblant simple, efficace et des décors épurés mais suffisant pour rendre l'univers vivant. Ses créatures manquent peut-être un peu d'originalité (en gros, tout le monde a un nez énorme... Larcenet ferait-il son coming out?). Le découpage est globalement réussi, même si l'auteur retombe parfois dans la facilité du gag en trois cases similaires dont je le croyais sorti.
Bref, c'est moins bon que prévu, la fin du récit étant trop pauvrement écrite.
Critique initiale datant de 2011 :
"En atttendant que Muse donne son concert dans l'espace" 7/10
Je ne suis pas familier avec l'univers de Valérian. Il faudra que je m'y attèle. Enfin, je suis conscient que l'univers de Larcenet n'a rien à voir avec ce que devait être cette saga interstellaire. mais tout de même, ça donne envie de découvrir.
Soyons francs, le scénario n'est pas génial. Larcenet n'hésite pas à recourir aux facilités scénaristiques les plus ...faciles au monde: ha ben y a un champ magnétique qui empêche toute matière solide d'aller sur ctette planète... utilisons cette créature qui sert de radio et qui peut se transofrmer en eau pour passer cette barrière... (quelques pages plus tard) ho cette même créature en fait, une fois taquinée, avale notre héros, fuit la planète, et puis le recrache sans problème. Affaire résolue. Non vraiment, le déroulement du scénario est carrément nul.
La force de Larcenet, du point de vue écriture, ce sont les gags, et puis les tribulations d'un type comme vous et moi, avec une moustache, et qui a la chance de quitter sa routine terrestre pour parcourir l'aventure d'une vie. C'est beau. C'est triste aussi, car le constat final est assez sombre, assez désolant et humiliant pour le personnage. Il paraît d'ailleurs sadique de voir ainsi Larcenet s'amuser avec un personnage et puis le jeter si violemment dans les affres de la réalité. Il me paraît donc touchant de voir de personnage démoli par son propre créateur, aussi facilement, aussi abruptement.
Il nous reste donc une succession de gags qui font rire ou sourire, c'est selon. C'est pas la grande comédie, mais c'est toujours un plaisir de retrouver Larcenet dans le domaine de l'humour.
Graphiquement je suis époustouflé. Larcenet a gagné en assurance surtout depuis ses expérimentations sur Blast (que je n'aime pas particulièrement). Il nous revient là en forme avec quelque chose de plus classique, mais très léché pour du gros nez. Les couleurs sont également réussies. Mélange de diverses techniques, mais homogénéité reste de rigueur. Je serais tout de même curieux de voir à quoi ressemblent les pages en noir et blanc.
Bref un album sympa qui est intéressant pour l'exercice de style (insérer son univers dans celui d'un autre) et surtout pour le graphisme léché.