Voilà un moment que j'en entendais parler de celui-là. L'atelier des sorciers, premier manga de Kamome Shirahama, illustratrice japonaise qui a notamment travaillé pour les géants Marvel et DC en réalisant des couvertures de comics. Rien qu'à la couverture du manga, on sent qu'on a faire à quelque chose de très singulier et atypique. Mais une fois la lecture entamée, qu'est-ce que cela donne ?
L'histoire prend place dans un univers à l'apparence féerique. Un monde ayant comme particularité de baigner dans la magie. Tout ce qui entoure ses habitants est magique: Les sources d'eau se nettoient toutes seules, les carrosses volent... Mais seuls certains individus ont la capacité de contrôler cette énergie : les magiciens. Coco, jeune fille rêveuse, aspire depuis son plus jeune âge à accéder à ce cercle restreint d’adeptes. Mais voilà, la magie c'est pas donnée a tout le monde et si on ne naît pas avec des aptitudes particulières, il est impossible de la pratiquer. Il en faut plus pour décourager Coco qui, suite à sa rencontre avec un magicien de passage dans son village, va tenter de pratiquer la magie par elle-même. Grave erreur qui aura pour conséquence d'activer une magie interdite, causant de violents dégâts. Pour réparer son erreur Coco n'a qu'une seule solution : devenir la disciple du magicien Kieffrey afin d'apprendre comment inverser le sortilège.
L'atelier des sorciers part avec un speech simple mais très efficace. Ce premier tome aspire avant tout à poser les bases en nous présentant l'univers, les personnages et les règles entourant tout ce monde de la magie. L'auteur prend le pari de mettre l'action au second plan (à part l'élément déclencheur, il ne se passe pas grand chose dans ce premier tome) pour se focaliser sur tout le reste. Le pari s'avère être très largement gagné tant cet univers emballe son lecteur dès le départ. En un seul tome, on a déjà eu le droit à plein de petites trouvailles comme la magie par le papier, les gouttes en suspensions, le système de pentacles pour activer la magie... Tout est cohérent et réfléchi, aussi bien pour l'auteur que pour le lecteur. Quelques indices au fil de l'intrigue nous laissent néanmoins penser que tout n'est pas si rose dans le monde des magiciens et j'espère vraiment que l'intrigue évoluera dans ce sens.
Niveau dessin on est véritablement sur du haut de gamme. Shirahama a un vrai trait de crayon et parvient à donner une identité graphique forte à ses planches. Le chara design est réussi pour l'intégralité des personnages, sans jamais tomber dans un quelconque fan-service de bas-étage. Les traits sont maîtrisés, harmonieux et le manga est vraiment magnifique à lire. Certaines idées graphiques, comme le fait d'encadrer certaines cases pour créer un effet «encyclopédie», sont également bienvenues. Seul bémol, les arrières-plans souvent délaissés. Rien qui ne gâche véritablement la lecture mais ça reste important à signaler. Je regrette aussi que l'auteur ne se soit pas plus lâché au niveau des doubles-pages ou autres planches plus spectaculaires (on en a très peu). J'imagine que ça viendra avec les autres tomes mais pour un univers aussi contemplatif que celui-ci, je pense que ce serait un gros plus.
Sans être insupportables, les personnages sont pour l'instant assez classiques, aucun n'est véritablement parvenu à sortir du lot comme pour devenir mon petit chou-chou. On nous laisse comprendre que Kieffrey, le mentor, semble avoir des choses à cacher ce qui laisse envisager un développement intéressant pour lui. Même chose pour Agathe, rivale de l’héroïne, qui sort un peu des carcans clichés du genre pour nous proposer un personnage plus sensible qu'à l'accoutumé. Malgré la façon dont elle se comporte avec Coco, on n'a pas véritablement envie de la détester et l'on comprend même ces motivations. A voir également comment le personnage évoluera par la suite.
Pari gagné pour l'Atelier des Sorciers qui parvient à nous immerger dans son univers dès son premier tome. Si l'intrigue débute de façon très calme et posé, nul doute que l'histoire et ses personnages seront amenés à grandir par la suite. Dans tous les cas, je suis impatient de me plonger dans le second tome pour en apprendre plus au sujet de Coco et de cet univers si particulier. Malgré tout, je pense qu'il est important que Kamome Shirahama parvienne à plus s'émanciper. Car, même si son univers est très singulier, on y sent un peu trop les traces de ses sources d'inspiration (en l’occurrence Ghibli et Harry Potter).