L'arnaque des gitans
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le 8 avr. 2020
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Une fois terminée le dernier chapitre, c'est un choc et déjà une absence qui se fait ressentir lorsque l'on prend le temps de se retourner et de regarder le chemin parcouru, tant par des jeunes héros qui étaient à mille lieues de se douter de la conception de ce monde que par un auteur qui était encore loin des chamboulements qu'il allait provoquer dans le monde du manga et de l'animé.
Lorsqu'il publie en 2009 les premières planches de Shingeki no Kyojin, Hajime Isayama commence déjà à semer les graines qui mèneront à l'univers que l'on connaît maintenant. Débutant dans un monde clôt, qui va se rapetisser dès les premières pages, avec des gamins qui ne vont, dans un premier temps, que subir les évènements, Shingeki no Kyojin parvient à, peu à peu, à s'étendre, tant au niveau de l'univers que des personnages et de la mythologie. C'est bien une mythologie qui est construite ici, trouvant ses origines autant dans les jeux vidéos que les mythes grecques ou nordiques, avec ses codes, ses croyances ou encore son passé lourd de conséquence.
On reconnaîtra d'abord un trait un peu brouillon dans les dessins, des visages qui ne sont pas toujours approfondis ou même soignés, ce qui sera grandement amélioré au fil du temps, et pourtant ce n'est jamais dérangeant. L'intérêt se trouve ailleurs, dans l'univers et ses mystères, d'abord, puis les personnages, qui ne laissent jamais indifférents, pouvant être autant attachants que détestables pour certains (mais on aime les détester !).
Et quel concept de base !
On découvre l'humain enfermé entre des murs, se retrouvant dans la position que notre société a donné aux animaux, puis une aventure mêlant fantastique, guerre, mystère ou aventure.
C'est là que va se broder de nombreux enjeux et extensions de l'univers, et toute la réussite du manga se reposera sur cela. Hajime Isayama se montre ingénieux pour mettre en place de nouveaux personnages, en sacrifier certains ou tout simplement apporter de nouvelles règles à son univers. Au fil des chapitres, on découvre de nouveaux éléments, toujours bien amenés, sans jamais qu'il ne trahisse l'esprit des premières planches. Il n'hésitera pas à aller loin, à surprendre le lecteur, à le mener en bateau aussi, tout en faisant régulièrement des parallèles avec notre monde, notamment sur la cruauté humaine.
Alors, tout n'est pas parfait non plus, et on regrettera d'abord des moments parfois trop pleurnichards, pas toujours naturels (sacré Armin !).
On regrettera aussi les derniers chapitres et, en général, toute une dernière partie trop rapide (à partir du moment où l'on est avec Mahr) là où ça aurait été bénéfique de prendre autant de temps qu'au début. Les dernières planches sont parfois un peu brouillons dans la conclusion de certaines sous-intrigues ou arrivent trop brusquement. S'il n'y a pas de quoi renier le manga, on regrette quand même qu'il ne se termine pas sur une note aussi haute que ses meilleurs moments.
En général, le manga aura aussi su bousculer son spectateur, lui mettre des uppercuts en pleine poire et l'art de multiplier les twists sans lasser ou tomber dans la surenchère, ce qui est assez rare de nos jours. L'auteur a aussi su véhiculer des émotions à travers certains protagonistes, certains moments, il n'hésite pas à complexifier ses personnages ou trames (certains ne le sont pas du tout, certes). Ce fut un plaisir d'adorer Reiner, Gaby, Sasha ou le Major, et au contraire d'en détester d'autres ou de changer de sentiments en fonction de leurs évolutions.
Cette aventure aura aussi su gérer son univers, être efficace dans sa mise en place, sa géographie et les extensions qui se sont doucement mise en place. La narration, claire, fonctionne très bien, n'hésitant pas à user de flash-back pour révéler, aux bons moments, des détails importants. De la même façon, elle aura su jouer sur plusieurs cordes, apporter de la simplicité durant des moments dramatiques, alterner les tons, bien aidé aussi par des dialogues cohérents, quitte à être crus.
Jusqu'au bout, Shingeki no Kyojin aura su étendre son univers pour toujours surprendre et proposer une aventure à la fois attachante, pleine d'action, légère lorsqu'il le faut, tragique ou encore humaine et Hajime Isayama a su créer une mythologie passionnante, dont les qualités et l'inventivité ne font que rendre minimes ses points plus faibles.
Major, Gaby, Peak, Falco, Annie, Reiner, Jean... ce fut un plaisir de suivre vos aventures écrites, rendez-vous pour la dernière partie de la saison finale en animé en hiver prochain.
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Créée
le 19 avr. 2021
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