Renforcé par le succès de la série Cyberforce, Silvestri, un des patrons d'Image Comics lance en 1996 la série Darkness. Celle-ci est issue de Witchblade, commencée en 1995. En opposition à l'héroïne de Witchblade, Sarah Pezzini qui est une policière justicière, Jackie Estacado est un criminel sans foi ni loi, prêt aux pires atrocités pour le compte de la mafia, et de son oncle, Don Franchetti.
Le but de Silvestri est clair : créer un univers plus complet et complexe via les deux séries où les enquêtes policières, les guerres de gangs s'uniront à un aspect mystique et un goût d’Armageddon. Pour cela, il fait équipe avec Garth Ennis au scénario. Alors, forcément, on est dès le début en terrain conquis : Garth Ennis sur du surnaturel ça ne peut que marcher.
La série commence pourtant avec la subtilité d'un mammouth dans un magasin de porcelaine. En effet, très vite le ton est donné. Jackie brule la vie par les deux bouts et, du même coup, le lecteur aura le droit à beaucoup de sang, beaucoup d'explosion et beaucoup de seins. Les femmes peu vêtues sont loin d'être rare dans les pages de Darkness.
Le personnage, simpliste à souhait, voir stupide, ne cache pas pour autant l'intérêt d'une histoire qu'on sent complexe. Le Darkness est un pouvoir qui se transmet de génération en génération. Un pouvoir des ténèbres, un pouvoir de tout créer dans l'ombre. Un pouvoir gigantesque en sommes mais qui lui impose de devoir se protéger sexuellement. En effet, si jamais il féconde une femme, il mourra immédiatement et son descendant héritera de ses pouvoirs.
L'interdit sexuel devient source d'humour dans la série.
Autre problème, plus sérieux, Jackie Estacado arrive au centre des combats. L'Angélus est un être de neuf siècle qui dispose des mêmes pouvoirs que lui, mais en rapport avec la lumière. L'Angélus est bien décidé à exterminer le Darkness est à empêcher la transmission de son pouvoir. De l'autre côté, Sonatine est un magicien disposant d'une partie des pouvoirs du Darkness qui souhaite contrôler Jackie et régner sur le monde grâce à cette toute puissance.
Très clairement l'aspect paranormal est le plus réussi. On sent le désir de Ennis et Silvestri de créer un univers avec des armes magiques nombreuses et qui sont reliées pour quelque chose d'encore plus gros.
Le problème est que le personnage de Jackie Estacado manque d'intérêt. Heureusement, il ne se laisse pas faire et a beaucoup de répondant, ce qui permet d'éloigner la série de Spawn, dont elle ressemble pas mal. Le côté humoristique vient faire son tour dans la série, d'abord vis-à-vis de la frustration sexuelle de Estacado mais surtout avec les minions du Darkness qui ont de bonnes répliques.
Introductif à souhait, ce premier tome ne peut pas être vu comme un ensemble déjà complet mais vraiment comme des bases. Mafia et Yakuzas sont également de la parti ce qui rend la lecture un brin compliqué dans sa seconde moitié. En effet, le cross-over avec Witchblade est dur à cerner car le lecteur n'a pas les éléments précédents de la série Witchblade. Je n'ose imaginer comment un néophyte peut espérer comprendre tout ce qui s'y passe.
Delcourt, ici, ne communique pas assez et devrait aider le lecteur.
Cette réunion des deux personnages (déjà vu dans la série Witchblade) est assez loupée, il faut bien le dire. C'est un gros bordel sans nom, dans lequel le lecteur se perd. David Wohl et Christina Z essaye de réussir le scénario mais c'est dur à mener à bien.
Et oui, les scénaristes, comme les dessinateurs changent. Ennis et Silvestri ne servant qu'à appater les lecteurs. Heureusement, les successeurs comprennent immédiatement l'univers et la transition se fait sans aucun soucis ni accro.
Une première histoire agréable à lire, introductif, qui manque d'intérêt pour les personnages mais dont le back-ground semble prometteur et une seconde, cross-over un poil ratée donnant un sentiment d'overdose. Voilà le résultat après la lecture de ce premier tome de Darkness.
Une nouvelle fois, on est que dans le début, attendons de voir la suite.