L'Effondrement, premier tome de Le Reste du monde, c’est un peu comme se réveiller au milieu d’un tremblement de terre : le chaos est impressionnant, les secousses sont palpables, mais quand la poussière retombe, on se demande si tout ça ne manquait pas un peu de consistance. Jean-Christophe Chauzy nous livre ici un récit apocalyptique plein de promesses visuelles et d’émotions brutes, mais qui trébuche un peu sous le poids de son ambition.
L’intrigue est simple mais efficace : une famille en vacances dans les montagnes se retrouve confrontée à une catastrophe naturelle d’ampleur cataclysmique. Fini le chalet cosy, place aux éboulements, aux tensions familiales, et à une lutte pour la survie où les instincts primaires prennent le dessus. Chauzy capte bien l’urgence et l’effroi d’un monde qui bascule, mais le scénario reste trop linéaire pour réellement surprendre.
Graphiquement, c’est un festival. Chauzy excelle dans la représentation d’un monde en ruine : des montagnes qui s’effondrent, des cieux menaçants, et une nature qui se déchaîne avec une brutalité presque tangible. Chaque planche regorge de détails qui renforcent l’immersion, et les couleurs jouent parfaitement sur les contrastes entre le calme d’avant et le chaos d’après. Mais cette virtuosité visuelle contraste avec des personnages qui, eux, manquent un peu de relief.
Car voilà le hic : les protagonistes peinent à captiver. Entre la mère protectrice, les enfants un peu stéréotypés et les figures secondaires à peine esquissées, on a du mal à s’attacher à leurs destins. Les dialogues, parfois un peu plats, n’aident pas à rendre ces survivants aussi mémorables qu’ils devraient l’être. On aurait aimé plus de nuances, plus de profondeur psychologique pour vraiment vibrer avec eux.
Le récit, en revanche, ne manque pas de tension. Les péripéties s’enchaînent à un rythme soutenu, et l’atmosphère oppressante de cet effondrement généralisé est bien rendue. Mais à force de miser sur le spectaculaire, le scénario finit par laisser un goût de déjà-vu. La catastrophe est fascinante, certes, mais elle n’échappe pas aux clichés du genre.
En résumé : L'Effondrement est une entrée en matière visuellement impressionnante, mais qui pêche par des personnages trop plats et une intrigue qui reste dans les clous. Un premier tome qui pose de bonnes bases, mais qui devra creuser plus loin pour éviter de sombrer dans les oubliettes du post-apocalyptique. Une lecture immersive, mais pas inoubliable.