La seule présence du nom de Fabien Nury sur la couverture avait suffi à m’inciter à lire le premier tome de *Charlotte impératrice* il y a quelques années. En effet, je suis un adepte fidèle et passionné des histoires scénarisées par cet auteur. *Il était une fois en France*, *Tyler Cross* ou encore *La mort de Staline* sont des petits bijoux à mes yeux. *La Princesse et l’Archiduc*, premier acte de cette nouvelle saga a largement confirmé le talent de cet écrivain. J’ai donc logiquement accueilli avec entrain et curiosité l’apparition dans les rayons de librairie du deuxième opus intitulé *L’Empire*.
Le site BD Gest propose les enjeux de cet album avec les mots suivants : « Depuis son mariage avec Maximilien d'Autriche, Charlotte va de désenchantements en désillusions. Sa vie conjugale réduite à néant, elle mise son va-tout sur la couronne du Mexique. À leur arrivée à Veracruz, le couple impérial découvre un pays exsangue, bien loin d'être pacifié par les troupes françaises. Ils doivent faire face à la défiance des élites locales bien décidées à tirer parti de la faiblesse de caractère de Maximilien pour préserver leurs intérêts. »
Au cours du premier tome, nous suivions le parcours de Charlotte, jeune femme de la noblesse qui devient l’épouse de l’archiduc Maximilien. Son destin, plein de souffrance et de désillusion, va lui forger une carapace qui en fera une femme forte qui devenait impératrice du Mexique lors des dernières pages de cet épisode. J’étais donc curieux de connaitre ses premiers pas de dirigeante dans cette contrée inconnue et pas nécessairement très accueillante…
Ce tome finalise le deuil effectué par Charlotte quant à son mariage. Le fait que son mari fuit en permanence le logis pour profiter d’activités festives ne la touche plus. Elle est devenue dure, presque insensible. Elle renie presque son statut de femme pour se consacrer entièrement à son rôle d’impératrice. Le personnage devient charismatique. Sa fragilité et ses souffrances la rendent touchante d’un côté et participent activement à la construction du « mythe » de l’autre. Je trouve vraiment l’héroïne très intéressante et habilement écrite.
En découvrant la « construction » de cette femme forte, l’intrigue nous plonge naturellement dans les arcanes inconnues et complexes du Mexique. La stabilité politique est un doux rêve et il apparait compliqué d’impacter de manière pérenne sur la société locale. Néanmoins, à travers les décisions prises par l’impératrice et à l’affirmation de sa personnalité, les choses évoluent. L’héroïne impressionne et notre empathie à son égard ne cesse de croître. Au fur et à mesure que les pages défilent, le lecteur s’approprie les lieux et la situation. J’ai eu le sentiment de débuter la lecture de l’album en étranger, perdu en terre inconnue pour la conclure avec l’impression d’être pleinement immergé dans ce monde lointain.
Le travail graphique de Matthieu Bonhomme est intéressant. Je l’avais découvert lors de ma lecture du premier tome et n’avait pas regretté la rencontre. Je trouvais que son trait accompagnait parfaitement le scénario. Ce sentiment est toujours d’actualité pour *L’Empire*. Le dessinateur offre une vraie personnalité graphique aux personnages et en particuliers à son héroïne. De plus, le travail sur les décors amplifie notre voyage dans le temps et dans l’espace. Notre immersion dans ce Mexique du dix-neuvième siècle n’en est que plus intense.
Pour conclure, ce deuxième épisode s’inscrit dans la brillante lignée de son prédécesseur. La personnalité de cette héroïne à la fois fragile, forte et charismatique qui forge son propre destin est envoutante et son histoire a passionné le lecteur que je suis. Alors que j’attends avec impatience et gourmandise la parution du prochain tome, je vous conseille vivement cette lecture. Je doute que vous regrettiez le voyage…