C'est avec ce septième tome que la série Sin City, de Miller s'achève. Et si je suis triste à cette idée, ce n'est pas tant à cause de la finitude de l’œuvre, qu'à cause de la fin qui y est offerte. Depuis déjà plusieurs tomes, Sin City n'était plus que l'ombre d'elle-même. Depuis Yellow Bastard enfaite. Ce septième et dernier tome ne sauve pas cette descente aux enfers et s'assume comme étant le ridicule poussé à bout.
Franck Miller n'a plus d'idée et nous offre un récit qui a des allures de remake mal amené.


L'histoire est celle de Wallace, peintre et ancien héro de guerre, militaire de haut niveau, homme sur-entrainé, avec les cheveux long et un calme olympien qui nous permet de comprendre qu'elle image Miller se fait du Christ. Wallace voit, par hasard, une ravissante jeune femme, Esther, qui tente de se suicider. Il la sauve et tombe immédiatement amoureux.
Malheureusement, très rapidement, la demoiselle est enlevée. Wallace rentre alors dans une quête : retrouver sa bien-aimée. Et si l'organisation criminelle en question s'imagine avoir à faire à un pseudo-héro, ses membres déchantes en découvrant à quel point Wallace est au-delà de tout ce que l'on pouvait imaginer.


L'histoire reprend volontairement de nombreux éléments des récits de Sin City, mais de manière grossière et laide. Sans grand intérêt, on préférera donc relire les anciens tomes.
De par son aspect d'homme invincible et sur-entrainé, Wallace apparaît comme un mixte entre Marv' et la petite Miho. Ses rapports avec plein de gens dangereux nous rappellerons aussi Marv', le personnage étant clairement inspiré de lui pour la puissance et le goût du danger. Dans le même temps, on retrouve, sans difficulté, la sensibilité de Dwight et cette volonté de faire de Wallace un artiste.
La demoiselle en détresse est également un élément récurrent dans Sin City, un MacGuffin sans intérêt qui respire le réchauffé. On ne s'intéresse nullement à Esther tant elle ressemble aux protagonistes féminins déjà rencontrés.
On notera également l'affrontement contre une organisation criminelle surpuissante qui rappellera quelque peu Le Grand Carnage. Pas vraiment d'intérêt non plus.


Notons, cela dit, que la narration est captivante et que le personnage de Wallace, malgré son côté stéréotypé et sa toute puissance, qui offre des facilités scénaristiques un poil exagérées, n'en reste pas moins intéressant.


Comme d'habitude on a un méli-mélo temporel. Malheureusement assez faible, puisque ce tome ne se passe pas tant que ça DANS Sin City. On se sent coupé de la Vieille Ville, du bar où danse Nancy, bref de beaucoup de choses qui étaient considérés comme habituels pourtant. On le regrette vraiment.
L'histoire est censé se dérouler entre J'ai tué pour elle et Le Grand Carnage. On appréciera les légères références même si elles ne semblent pas assez nombreuses.


On retrouve quelques personnages. Par exemple le commissaire Liebowitz, excellent au possible dans ce récit. Celui qui battait Hartigan gagne ici en importance et est au premier plan. On retrouve également Wallenquist, qui n'avait été que présent rapidement dans J'ai tué pour elle. C'est un plaisir de revoir ce personnage, pas maléfique mais avide de pouvoir. On est loin des stéréotypes des autres méchants.
On regrettera par contre le retour de Manut, dont on aurait pu largement se passer.
L'histoire tourne aussi beaucoup autour du Colonel et de Delia, la tueuse aux yeux bleus. C'est pas génial du tout. Déjà parce que c'est vite expédiés et sans aucune profondeur alors que les deux personnages avaient été dévoilés dans les récits courts du sixième tome. On s'attendait donc à plus d'importance, plus de longueur, plus de profondeur et on n'en a pas assez.
Deuxièmement, on connait Delia et on perd donc tout suspense possible, ce qui nuit beaucoup au récit.


Graphiquement, ce tome est le plus mauvais de la série. Miller, loin des tous premiers, se laissent assez au crayonné, ce qui perd la franche puissance des aplats noirs, sans compromis. On regrettera largement ce choix artistique, plus que discutable. On retrouve par moment de beaux plans, de beaux cadrages, mais ça reste quand même largement en-dessous.
Comme dans Yellow Bastard et quelques récits courts, Miller injecte de la couleur. Couleur inintéressante et stupide. C'est mal utilisé, c'est mal amené, c'est sans raison. Le personnage de blue Eye n'a pas assez d'importance pour justifier la couleur quant à l'autre tueuse, cet orange moche semble sorti de nul part et là encore sans raison. Miller en abuse gratuitement, sans même chercher à justifier cela par un choix artistique, esthétique ou scénaristique. C'est gratuit et c'est moche.
Wallace a également toute une scène drogué, le tome se laisse aller et offre pas mal de référence. C'est plutôt plaisant même si le très bon côtoie alors, en quelques cases, le très mauvais. C'est un risque mas ça paie pas mal.


Globalement, sans être trop mauvais, ce tome reprend tellement la recette passée de Sin City, en abusant sur certains éléments qu'on sent toute la médiocrité sans retrouver la magie des précédentes histoires. On voit vraiment le bébé dériver trop loin et on s'en sentirait presque trahi tant nos attentes se retrouvent bafouées.
Si il y a une vraie déception à se dire que c'est là-dessus que se finit Sin City, on est au moins rassuré de voir que cet univers ne sera pas d'avantage trahit.

mavhoc
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le 4 avr. 2015

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