L’ère des Cristaux, le seinen de Haruko Ichikawa continue de développer ses personnages et son univers avec délicatesse.
Souvenez-vous. A la fin du tome précédent, Phos faisait équipe avec les deux Améthyste quand au loin apparaît la marque caractéristique, présage funeste de l’apparition des Séléniens… Suspens !
Le tome 3 reprend alors qu’Améthyste et Améthyste se lancent dans le combat. Ce nouvel affrontement des Gemmes contre les Séléniens sera l’occasion pour Phos de prouver sa valeur. Avec ses nouvelles jambes, il a gagné en rapidité, et ses espoirs d’être enfin utile au combat sont au plus haut. Il est toujours motivé par cette envie, ce besoin de ne plus être perçu par ses camarades comme le boulet de service, moins que rien et misérable. Trop fragile pour ce monde, incapable de réaliser la moindre chose pour la communauté. Le dénouement de cette bataille réserve quelques surprises et montre que la mangaka sait toujours mettre en valeur les sentiments de ses personnages.
Puis le temps passe tranquillement, et, déjà, l’hiver arrive. Comme le montre la couverture, l’honneur est à Antarcticite, un cristal qui ne vit que l’hiver car il prend une forme liquide dès les premières hausses de températures, à l’arrivée du printemps. La neige et la glace sont donc ses alliées. Alors que pour les autres gemmes, l’hiver est l’occasion d’un long sommeil dû à l’absence de soleil, Antarcticite se réveille. Maître Vajra et lui sont donc les seuls à rester éveillés durant la saison morte, et donc les seuls à pouvoir protéger leur sanctuaire des attaques, plus rares, des Séléniens.
Mais pas cette année. Pour une fois, quelque chose vient troubler leur tranquillité. Ou plutôt quelqu’un : Phos. Il ne trouve pas le sommeil. Ainsi, ce tome ne sera pas entièrement centré sur Antarcticite puisque Phos vient le déranger dans sa solitude hivernale. Lui qui espérait être seul avec Maître Vajra, c’est raté.
C’est un tome plutôt calme que nous offre là Haruko Ichikawa, on découvre les occupations habituelles d’Antarcticite, son quotidien d’habitude en solitaire, pour une fois en bonne compagnie. Le cristal de l’hiver saura-t-il s’ouvrir pleinement à son nouveau camarade ? Et Phos trouvera-t-il là un entraînement à la hauteur de ses espérances ? Beaucoup de sentiments, de l’inspection des peurs et faiblesses, passent dans les dialogues, bien que concis, entre Phos et Antar. Bien que cristaux, ce sont au final des réflexions très humaines qu’ils partagent. Au cœur de la morte saison, l’on pourrait croire à un tome de transition, calme comme l’hibernation, avant le retour du printemps, mais les derniers chapitres bouleversent de manière dramatique la routine installée. Comme toujours, la mangaka a l’art de surprendre. Et que dire de cette dernière page, pourtant si simple, mais si brutale dans sa révélation, laissant deviner un tome 4 dans la continuité, entre regrets et mélancolie.
Concernant l’édition, il n’y a pas grand chose à signaler puisque rien ne change par rapport aux deux premiers tomes. Le papier est toujours aussi fin mais cette fois-ci toutes les pages apparaissent dans le bon ordre . C’est rassurant. Sinon, petit détail, mais certaines onomatopées n’ont pas été traduites ni sous-titrées, peut-être parce qu’elles n’ont pas été vues, trop cachée dans les nuages de neige ?