Je me suis vraiment régalé en lisant le nouvel opus du duo Smolderen/Clérisse. Autant le précédent, magnifique graphiquement, nous perdait dans une intrigue emberlificotée à l'extrême ( Souvenirs de l'empire de l'atome ), autant celui-ci possède un scénario mieux charpenté qui ne nous perd pas en route. Et comme Alexandre Clérisse s'est encore une fois surpassé au dessin, cet " été diabolik" est sans doute la première vraie bonne surprise de cette année en BD.
On sent que les auteurs aiment cette période fin 50 début 60, où le monde vivait entre deux pôles bien séparés et aux ennemis facilement identifiables. C'était une époque où l'on croyait au futur. Les corps se libéraient, la technologie promettait monts et merveilles. On voyait la vie en technicolor. Les 160 planches de cet album, éclatantes de couleurs, de dynamisme, dont le graphique vintage revisité en sont le premier hommage. Elles illustrent à merveille une histoire, au départ teen movie puis virant au polar pour finir en mode espionnage. Tous les codes de l'époque y sont, (nous sommes dans la première partie en été 67) de l'Aston Martin sortie tout droit de James Bond, aux espions russes de la guerre froide en passant même par la robe Mondrian d'Yves Saint-Laurent ou l'évocation d'Andy Warhol. Au milieu des couleurs flashies que la culture pop commençait alors à adopter, l'histoire se déroule sans l'ombre d'un temps mort. De l'aventure, du suspens, des morts violentes, de l'érotisme, sont les ingrédients imparables de cette aventure, à laquelle s'ajoute une figure masquée rappelant les fumetti, petits fascicules de BD d'origine italienne, et donc ce dénommé Diabolik. Bien sûr, il ne faut pas être trop regardant sur les enchaînements des événements assez téléphonés et dont on peut aisément deviner la suite. Mais l'ensemble est, il faut bien le reconnaître, autant par le dessin que par l'histoire, une formidable évocation de cette époque, où tout pouvait être possible alors que tout semblait l'interdire.
La fin sur le blog
http://sansconnivence.blogspot.fr/2016/02/lete-diabolik-de-thierry-smolderen-et.html

pilyen
7
Écrit par

Créée

le 21 févr. 2016

Critique lue 474 fois

3 j'aime

1 commentaire

pilyen

Écrit par

Critique lue 474 fois

3
1

D'autres avis sur L'Été Diabolik

L'Été Diabolik
EricDebarnot
9

Les diaboliques

En 1967, j'avais dix ans, et je n'avais pas la chance de vivre sur la Côte d'Azur comme Antoine Lafarge, le héros (et narrateur du livre dans le livre) de "l’Été Diabolik", je lisais "le Journal de...

le 2 août 2016

5 j'aime

3

L'Été Diabolik
Gzaltan
8

Une adolescence glanant les ombres.

Attendu depuis plusieurs mois, voici le nouveau Smolderen dont le trait m'avait déjà attiré avec Souvenirs de l'empire de l'atome. Bien loin de la science-fiction du premier opus, cette nouvelle...

le 15 févr. 2016

4 j'aime

1

L'Été Diabolik
JulieToral
7

Eté comme hiver

L'histoire s’essouffle dans la 2e partie et ses explications ; il y avait dans la première beaucoup plus de subtilité et de suspense je trouve, du fait du regard arrière porté par le narrateur sur...

le 19 déc. 2020

3 j'aime

Du même critique

Habibi
pilyen
4

Bibi n'a pas aimé

Il y a des jours où j'ai honte, honte d'être incapable d'apprécier ce qui est considéré comme un chef d'oeuvre par le commun des mortels. A commencer par mon libraire spécialisé BD qui m'a remis...

le 1 janv. 2012

35 j'aime

7

Grand Central
pilyen
3

Grand navet

J'ai vu le chef d'oeuvre de la semaine selon les critiques. Hé bien, ils se sont trompés, c'est un navet et un beau ! Cette fois-ci, ils ont poussé le bouchon tellement loin qu'ils risquent d'être...

le 29 août 2013

27 j'aime

18

Les Fantômes d'Ismaël
pilyen
3

Parlez-vous le Desplechin ?

Je le dis d'emblée, je n'ai jamais été fan du cinéma de Mr Desplechin. "Les fantômes d'Ismaël" confirment que je ne parle pas et ne parlerai jamais le "Desplechin" comme se plaît à dire le...

le 18 mai 2017

24 j'aime

1