Largo Winch est un des plus succès du neuvième art de ces trente dernières années. Ce vingt et unième tome marque un tournant important dans l’histoire de la série. En effet, Jean Van Hamme créateur et scénariste des aventures du milliardaire en jeans a décidé de laisser la place. C’est Eric Giacometti qui prend sa succession au côté du dessinateur Philippe Francq. En ce sens, L’étoile du matin est un album important de cette rentrée littéraire dans l’univers de la bande dessinée.
Ce nouvel opus s’inscrit dans la continuité du précédent diptyque Chassé-croisé – 20 secondes. Néanmoins, il peut se lire sans avoir une maîtrise absolue des événements récents vécus par Largo. Cette nouvelle intrigue voit le héros accusé d’avoir provoqué volontairement un krach boursier. Ce n’est pas la première fois que Largo se trouve au beau milieu d’un sac de nœud dangereux et c’est avec plaisir que le lecteur espère le voir démêler tout cela…
J’avais été plutôt mitigé sur l’histoire construite dans les deux tomes précédents. En effet, je trouvais que la trame ressemblait davantage à un vaudeville à la conclusion fleur bleue car un scénario complexe et plein de rebondissements naviguant dans les arcanes dangereux de la finance et de l’économie. Dans sa première création, Eric Giacometti retourne vers les fondamentaux. Largo est mis en danger par une attaque judiciaire qui l’accuse d’un acte grave qui met en danger l’équilibre de son empire. Les événements s’enchainent à un rythme effréné en sa défaveur. L’effet domino des péripéties offre un ensemble complexe et captivant. J’ai eu le sentiment de retrouver l’atmosphère des meilleures aventures de Winch.
Le château de cartes mis en place par Giacometti est habilement érigé. Le lecteur savoure le déroulement de la toile dont le but reste la chute du héros. L’enchainement est rythmé, les rebondissements sont fréquents, la curiosité du lecteur est donc en permanence alimentée et relancée. Je trouve que le déroulement se souffre d’aucun temp mort bien au contraire ! L’intensité dramatique augment régulièrement du début à la fin pour aboutir à un dénouement qui semble plonger Largo dans une situation inextricable. Ce sentiment ne fait qu’accentuer la frustration de devoir attendre la parution du tome Les voiles écarlates pour connaître la fin de toute cette affaire aux enjeux de forte ampleur !
Le travail graphique de Philippe Francq accompagne bien la transition entre les deux scénaristes. Le fait que Giacometti conserve les codes de la série dans une continuité picturale ne perturbera aucun afficionado de la série. J’ai toujours apprécié le travail de Francq qui arrive à faciliter la lecture en donnant une personnalité graphique claire aux nombreux protagonistes qui croisent la route du milliardaire. Cet album n’échappe pas à la règle pour le plus grand plaisir de tous. Il ne me reste maintenant plus qu’à attendre le prochain épisode pour rassasier l’appétit qu’a ardemment réveillé ce sympathique et prenant L’étoile du matin !