Pour les adeptes de personnage légendaire en mission...

Nautilus est une trilogie qui s’est conclue récemment avec la parution du dernier épisode intitulé L’héritage du capitaine. J’ai eu le plaisir de me voir offrir il y a quelques années le premier tome. Je l’avais trouvé prometteur. Le deuxième s’est également avéré agréable bien que manquant parfois de rythme à mon goût. Néanmoins, les deux opus avaient proposé suffisamment d’ingrédients de qualité pour envisager une recette finale goûtue et relevée.

La série débute en Inde au milieu de tensions géopolitiques entre la Russie et l’Empire britannique. Kim, un agent de la Couronne, est accusé de terrorisme. Un attentat a eu lieu sur un bateau et semble être l’étincelle pouvant déclencher une guerre entre les deux puissances. Rapidement, on comprend que Kim est victime d’une machination. Le souci est que les documents pouvant l’innocenter se trouvent au fond du port de Bombay. Un seul moyen de mettre la main dessus : retrouver Nemo, un personnage légendaire et mystérieux…

Dans le tome précédent, Kim et Nemo font alliance. Néanmoins, leur coopération est contrainte et le climat de confiance est quasiment inexistant. La légitimité de la crainte du héros à l’égard du capitaine se confirme lorsque ce dernier décide de dynamiter l’épave du bâtiment contenant les documents tant espérés. Cette terrible décision concluait le dernier épisode en date laissant un Kim désespéré et un Nemo possédé et incontrôlable…

Cet opus se centre essentiellement autour du projet de Nemo. Sa volonté de déclencher une guerre diffuse une atmosphère de fin du monde. Cette sensation est accentuée par la folie qui semble habiter le capitaine du Nautilus. Kim cherche à empêcher cette cruelle issue qui apparait pourtant inéluctable. Le combat ressemble à celui de David contre Goliath et la tension habite la lecture de chacune des pages. Ce dernier épisode propose un changement d’enjeu. En effet, le destin de Kim se met en retrait au profit de l’avenir du monde. Cette transition se fait naturellement avec une belle efficacité.

Ce troisième tome utilise les codes du film d’action. L’enquête devient secondaire. Les révélations se mettent en retrait de la course contre la montre qui habite tout l’album. Les dessins nés de la plume de Guénaël Grabowski jouent un rôle central dans la mise en place de l’ambiance rythmée propre au genre. L’ensemble est efficace et ne connait aucun temps mort. Je me suis laissé happé sans difficulté. L’aisance et la constance de l’immersion narrative sont deux gros atouts, gages d’une qualité certaine de l’opus.

Ce tome offre une conclusion intéressante à une trilogie que je trouve plutôt réussie. Le léger temps mort ressenti dans le deuxième épisode a finalement servi de base au lancement d’une suite bien plus dynamique. L’exploitation du personnage légendaire de Némo est efficace. Elle offre un antagoniste de qualité. Son opposition avec le héros lui aussi charismatique offre un bel affrontement dont j’étais vraiment curieux de connaitre l’issue tout au long de lecture de cet album…

Au final, L’héritage du capitaine est donc un ouvrage de qualité qui répond pleinement aux attentes. Le scénario est efficace. Les dessins précis et détaillés sont pleinement immersifs. Ce livre est la touche finale d’une trilogie des plus honnêtes qui propose un moment de lecture agréable et divertissant dont je conseille la lecture aux adeptes du genre.