Une bande dessinée adaptée du roman éponyme de Thomas Raucat (pseudonyme). Au premier abord (première et quatrième de couverture), on croirait avoir affaire à un récit contemplatif, dans un Japon historique saupoudré d'une pointe de fantasme. Il y a effectivement de cela, mais on se retrouve souvent devant des situations semblant absurdes (un peu, parfois plus), dont il est difficile de discerner le vraisemblable de l'exagération. L'intrigue se déroule en 1922, et l'étranger est trop respecté, alors qu'il n'est en réalité pas grand-chose de plus qu'un quidam assez médiocre. (était-ce le traitement réservé aux rares étrangers à l’époque ? D’après la postface, au moins en partie pour la délégation française dont Raucat était membre).

Chaque chapitre (à l'exception de l'introduction) nous propose un morceau de récit du point de vue d'un personnage. Toutes ces parties sont centrées autour de l'étranger, de ses envies et de son voyage à la campagne. On découvre ainsi le point de vue de l'étranger (très bref – seulement cinq pages) et celui des locaux (hommes, femmes mariées ou non – la différence est importante). On comprend alors ce qui se passe dans la tête de tous les personnages, un procédé loin d’être inintéressant, et surtout assez efficace.

La bande dessinée est réalisée en aquarelle, à l'exception d'un chapitre qui prend la forme d'un récit photographique (dessiné). L'ensemble est très bien maîtrisé, avec des tons principalement bleus et un peu de rouge pour mettre en avant les éléments importants. On trouve de nombreux détails dans les arrière-plans ou entre les planches, ce qui rend la lecture agréable. Les illustrations pleines pages séparant les chapitres sont particulièrement soignées assez poétiques dans leur composition.

Après avoir lu la postface, on comprend mieux le sentiment étrange que l'on pouvait parfois ressentir en lisant l'ouvrage. En effet, il est important de percevoir la dimension comique (parfois confondue avec l'exagération, les préjugés ou les caricatures). Prendre tout au premier degré serait risquer de passer à côté des messages cachés disséminés dans le récit. Certes, les traits de caractères des personnages sont volontairement accentués, mais ils représentent tout de même une part de vérité. Une relecture en prenant en compte ces dimensions permet, en quelques sortes, un regard nouveau sur l'œuvre.

jako99esae
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le 17 mars 2024

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