Comme beaucoup, je connaissais Rampo Edogawa comme auteur policier et père de personnages comme Nijû Menso ou Akechi Kogoro. Sans parler de son influence sur des mangaka comme Monkey Punch et Gosho Aoyama. J’ai donc été étonné d’apprendre qu’il avait connu une part importante de sa carrière dans des genres bien plus sombres, érotiques, et malsains.
Comme il est bien entendu que je ne sais pas lire – c’est pour cela que je me limite à des livres avec des images – j’ai profité de l’adaptation en manga d’un de ses romans « différents », même si certains détails rappellent des aspects bien connus de l’auteur.

Cette version manga est avant tout prétexte à mettre en image le roman d’origine. Suehiro Maruo fait le choix d’un trait le plus réaliste possible, en reproduisant l’époque à laquelle le roman a été écrit – les années folles – et en dessinant des personnages qui, fait remarquable, ressemblent véritablement à des Japonais. Chaque case est riche en détails sans être trop fournie ou brouillonne, le dessin est toujours très clair, très fin, même si parfois impersonnel.

L’histoire peut être divisée en deux parties : l’élaboration du plan de Hirosuke Hitomi, pour concevoir son île panorama, et la visite du résultat. En raison de l’importance, en terme de pages, de cette visite, le scénario semble s’achever à partir de l’instant où la construction de ce « paradis » est elle-même achevée, la suite ne servant qu’à le décrire. Mais, comme nous pouvions nous y attendre, le résultat est effectivement incroyable, à la fois par sa décadence, son manque de goût, et l’érudition de son créateur, qui semble beaucoup plus versé dans les arts qu’il n’y paraissait auparavant. Filles qui s’amusent entre elles, nains jongleurs, trompes l’œil à n’en plus finir, et orgies éternelles constituent la base de cet univers hors du temps.

Même si ce manga se ferme sur un acte majeur et non sur la visite de l’île, l’ensemble parait assez vide. La première partie de l’histoire, avec ses influences de Edgar Allan Poe, est loin d’être inintéressante. La seconde partie surprend de par la démesure du projet, mais presque moins que ce que l’auteur avait pu suggérer jusque-là ; c’est fou, orgiaque, très bien pensé, mais un peu décevant. Paradoxalement, le début s’avère plus stupéfiant que la découverte de l’île elle-même.
L’Île Panorama est une curiosité, qui m’aura surtout donné envie de découvrir d’autres œuvres de Rampo Edogawa dans cette veine. Cette adaptation se distingue par la qualité de son dessin, et a le mérite de remplacer par celui-ci une description qui, dans le roman d’origine, doit finir par lasser le lecteur.

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le 8 août 2012

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Ninesisters

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