John Difool est dans une mouise noire, aux mains d’une jolie bande de cinglés, mais c’est Jodorowski qui est aux manettes et ça promet de ne pas s’arranger si facilement. Quand la technologie, la psychanalyse, la métaphysique et la fantasy entrent en collision pour engendrer une histoire, ça ne peut que faire des étincelles. Tout s’embrase, enfle à l’infini et reste terre à terre à la fois, quand il s’agit de caser la petite blagounette qui désamorce l’excès de gravité ; un cocktail étonnant, en somme. Côté couleurs, ça s’arrange plutôt, avec encore quelques juxtapositions musclées mais aussi des nuances nouvelles, du meilleur aloi. Question dessin, c’est plutôt très bien, avec de menues anacoluthes graphiques qui retiennent l’attention, comme si le style n’avait pas encore terminé sa lente mutation. Et finalement, c’est probablement ce qui était en train d’arriver. Soudainement, le trait épaissit, comme si un nouvel instrument avait fait son apparition pour un petit tour de piste en forme de test, puis tout revient à la normale. Ou alors de soudaines hachures sculptent le volume pendant quelques vignettes seulement avant de disparaître. Rien de bien méchant, juste de quoi surprendre un peu. La couverture donnait le ton, d’ailleurs, avec le seul visage de John Difool travaillé au trait et le reste traité par la couleur. Ceci dit, ça reste de la haute voltige.