La Couleur de la Mort
D'aucuns attendent le Messie ; personnellement, c'est au croque-mort que j'ai hâte ! La sortie d'un nouvel album d'Undertaker, la grande série western signée Ralph Meyer et Xavier Dorison, est...
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Dieu à dit : « Tu ne détesteras pas le désert parce qu'il n'y a pas d'eau, tu te contenteras d'en avoir peur. Ce sera un bon début. »
Undertaker tome 5 : L'Indien blanc, des éditions Dargaud par le trio Ralph Meyer, Xavier Dorison et Caroline Delabie, signe le démarrage d'une nouvelle histoire en solo pour notre ami Jonas Crow, qui est sur une mauvaise pente après la dissolution de son équipe autour de « l'Undertaker : Last & Wishes », suite au départ de Rose et de Lin qui laisse notre croque-mort favori dans un état de déprime alcoolisée. Sillonnant le far west à bord de son corbillard tel un esprit tourmenté, ne pouvant compter que sur la fidélité de son vautour : "Jed", le voici parti pour un nouveau périple malgré lui. Avec ce cinquième volume, on explore le passé de Jonas en tant que Lance Strickland, mais avant que celui-ci ne soit l'homme le plus recherché du pays avec une tête mise à prix à 25000 dollars, lors du fameux massacre de Skull Hill. Une révélation d'importance, apportant un peu d'éclaircissement au passé brumeux de notre cowboy mortuaire, que l'on doit à Sid Beauchamp. Sid se présente comme le frère de cœur de Jonas avec qui il a fait les quatre cents coups en tant que membre du gang les "Tigres de Louisiane", des braqueurs de banques composés de notre duo ainsi que de trois mystérieux protagonistes avec Maurizio, Pupo et Louis Robicheau. Une pièce du passé enfin révélée grâce à ce personnage haut en couleur que l'on accueille à bras ouverts, et qui vient compenser en dynamisant un récit délaissé de ses héroïnes.
Pour cet album, on retrouve ce qui fait l'esprit de la franchise dans une mouvance encore plus grave qu'à l'habitude avec un esprit cynique, glauque et ironique parsemé de répliques tranchantes offrant une pièce noire westernienne divertissante. Le récit s'articule autour d'une marche funèbre au cours de laquelle Jonas et Sid doivent escorter depuis un territoire indien hostile le cadavre de Caleb Barclay, fils de Miss Barclay, kidnappé lorsqu'il était enfant se transformant en une véritable machine à tuer ayant subi un lavage de cerveau pour devenir leur bras armé en tant que "Bla-ndee", l'indien blanc. Un western noir qui gagne en complexité dramatique grâce à la subtilité scénaristique de Dorison qui s'appuie autour d'une psychologie mature et alambiquée sur une conformité usuelle vitale, où selon le vécu des personnages le raisonnement idéologique n'a aucun sens et s'oppose. Une altération philosophique où chacun à ses raisons et ses torts, avec une vision adulte et réfléchie où la notion du bien et du mal n'a jamais été si fusionnelle. Une pièce traumatique dans laquelle Jonas, Sid, Kenitei le vieil indien, Salvaje la guerrière et son fils Chato, se complètent et s'opposent. Une phrase prononcée par Salvaje à l'encontre de Vehos (Jonas), va droit dans cette opposition conjecturale problématique dans laquelle essaye de se mouvoir notre croque-mort :
« Tu es un drôle d'homme Jonas Crow... Ni mort, ni vivant. Tu n'aimes pas vraiment tes amis, tu ne détestes pas vraiment tes ennemis... Tu n'es nulle part. »
Ironiquement, c'est une constatation que l'on peut décerner à chacun des personnages composant cette bande-dessinée.
Les dessins de Meyer nourris des couleurs de Delabie franchissent un nouveau cap par le biais d'une technicité très appréciable sur un jeu d'ombres toujours aussi réaliste. Une recette qui ne cesse de gagner en qualité à travers des décors pas toujours recherchés mais qui ici régale de par le contraste glacial. Les traits des personnages sont une fois encore superbement traités. Les vignettes présentent des plans élaborés avec des prises de vues recherchés qui offrent des mises en scène édifiantes. Malheureusement, on regrettera qu'une fois encore malgré la qualité visuelle proposée, que les actions prennent si peu de places. Même si ce n'est pas mauvais, on termine régulièrement sur un goût d'inachevé. À la longue, ça commence à être vraiment frustrant.
Undertaker tome 5 : L'Indien blanc, du trio Ralph Meyer, Caroline Delabie et Xavier Dorison, est le démarrage d'un troisième diptyque très différent des autres de par l'amertume constante de cet album. Une mouvance dramatique complexe et recherchée qui offre un périple satisfaisant augurant le meilleur à venir pour le sixième tome à venir. En espérant que cette fois-ci le trio de conception parvient enfin à se lâcher en offrant un vrai moment d'action impactant qui ne nous laisse pas sur notre faim.
Un western noir séduisant et réjouissant empreint d'un intelligent récit traumatique servant de nouveau départ à un Jonas bien amer.
Dieu a dit : « C'est pas parce qu'un mouton croit que l'herbe est plus verte ailleurs que le troupeau doit changer de prairie. »
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Classement du meilleur au pire de toutes les bandes dessinées et « Undertaker » : classement du meilleur au pire des albums de la saga
Créée
le 17 avr. 2022
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