Scarlet bute un flic, puis se tourne vers nous, façon "c'est arrivé près de chez vous", et nous explique comment elle en est arrivée là. Elle était avec son ami, qui s'est fait alpaguer par un flic pourri. Il fuit pour se dégager, le flic l'abat et est promu inspecteur pour avoir mis sous les verrous un dealer notoire. Le collègue, qui n'ose pas dénoncer la supercherie, préfère rendre sa plaque.
Scarlet retrouve le pourri, qui lui promet 700 000 dollars, extorqué à l'argent de la drogue, si elle le laisse en vie. Elle prend l'argent, le bute. Puis elle met en place une souricière et tue les flics qui ont rappliqué, et se filme en train de le faire (avec l'aide d'un pote). Elle se retrouve à la tête d'un mouvement réclamant le grand nettoyage, et se montre lors d'un flash-mob en son honneur, qui dégénère à cause d'un flic qui lance une grenade. Cliffhanger de fin d'album, Scarlet attend dans une piaule avant d'aller parler à ses nouveaux fidèles, qui l'ont sauvée.
C'est un peu "V pour Vendetta", mais à Portland, Oregon, et avec des images très léchées, absolument magnifiques. On dirait des photos embellies de touches de gouache et de gros applats d'encre. Le découpage des plans est aussi très intelligent, et les apostrophes de Scarlet au lecteur, auquel elle assure qu'il aura un rôle à jouer dans l'histoire, donnent un côté raffraichissant à la narration.
Mais bon, ça reste aussi con que "V pour Vendetta". La figure anonyme qui défie l'ordre établi, boursouflé de compromissions. D'ailleurs on voit assez peu la corruption en action, du coup on a l'impression que Scarlet veut mettre le pays à feu et à sang juste pour voir ce qui en sortira. Le premier tome se clot à la croisée des chemins, si cette BD a une valeur, c'est dans les suivants que ça se décidera.