Mimile, Pierrot et Antoine sont mes vieux préférés depuis que je les ai rencontrés dans le tome 1. Des vieux qui défient le temps et la mort, qui les talonnent pourtant avec la même hargne qu'ils mettent à harceler tout le monde. Des papys insupportables et braillards, parfois égoïstes en diable, toujours drôles et la plupart du temps carrément cinglants. En prime, ils ressuscitent des expressions qu'on n'entend quasiment plus de nos jours, en dépit de leur potentiel comique quotidien : porter des culs de bouteille sur le tarin, par exemple. Moi, ça me manque, et je frémis tous les jours de l'affadissement de la langue qu'on entend un peu partout. Du coup, un tome des Vieux Fourneaux, c'est une cure de Jouvence et une bénédiction linguistique, d'autant que nos cacochymes grincheux défendent une autre vertu française appréciable : la râlerie institutionnelle, dirigée contre l'air du temps, le gouvernement, les impôts, les flics, la météo, l’Élysée, la liste est longue et nous est familière... si le vocabulaire de nos récriminations s'appauvrit de jour en jour, par contre la liste de nos indignations quotidiennes reste inchangée depuis deux siècles au moins ! Voilà qui est réconfortant. Et ça fait du bien de pouvoir en rire dans une fiction enlevée, qui ne dédaigne pas pour autant les enjeux de société, comme l'écologie ou le sort peu enviable des départements d'outre-mer au sein de la République. Car ces vieux briscards sont de gauche, et ça aussi, ça fait œuvre archéologique et préservation d'un patrimoine en voie de disparition. Alors, forcément, ils ont droit à toute ma sympathie !