L'Orfèvre est une bande dessinée d'un artiste inconnu jusqu'alors - Aurélien LOZES - qui écrit et scénarise l'ensemble.
C'est un travail et une gestation sur dix années ; et les chiffres ne sont ici pas galvaudés ou utilisés dans un but strictement mercantile, car le résultat est parfaitement spectaculaire et le fruit certain d'un travail de longue haleine.
Pour une 1ère oeuvre (est-ce vraiment sa première oeuvre? Je peine à le croire), je suis littéralement estomaqué par tant de talent.
L'oeuvre n'ayant pas de descriptif sur SC : vous m'excuserez d'en copier la description qui en est faite sur le site de l'éditeur ; cela vous épargne toute tentative bancale de ma part de vous résumer l'histoire.
"L’action de L’Orfèvre se déroule à Paris. Le climat social est explosif entre manifestations et émeutes. À l’instar de Blacksad, les personnages sont des animaux anthropomorphes. Le récit ayant deux portes d’entrée, le livre n’a donc pas une mais deux couvertures ! Peu importe le chemin que vous prenez, vous serez plongés au cœur de l’enquête.
Entrée pile – L’inspecteur Hippolyte Cisife arrive sur la scène d’un crime. Alors que les forces de l’ordre sont débordées, une série de meurtres abominables se produit. Sur place, à côté du cadavre, on retrouve la pièce d’identité de l’épouse d’un riche homme d’affaires : Faustinien Gaston. Ce dernier évoque des relations entre sa femme et un groupe activiste…
Entrée face – Au fond d’une grotte, perdue, Justine cherche de la lumière. Après de multiples errements, elle s’extirpe du piège dans lequel elle était coincée jusque-là. À peine sortie, elle tombe sur un policier, un inspecteur qui cherche son partenaire. Quelques phrases échangées et déjà, ils fuient le climat hostile des ruelles alentours…"
L'originalité de cette bande dessinée tient dans son procédé narratif singulier.
Deux couvertures/deux enquêtes : une même "victime".
Deux bandes dessinées pour le prix d'une, que vous pouvez lire dans l'ordre que vous voulez ; il suffit pour cela de lire uniquement la partie supérieure ; la partie inférieure étant de toute manière "à l'envers" de la partie supérieure. Les deux parties formant stylistiquement une sorte de miroir.
Les deux enquêtes sont déjà suffisamment intéressantes et mystérieuses en soi pour en conseiller la lecture sans l'aide de ce procédé : il s'agit de toutes les façons et avant tout d'un excellent polar noir, brut et violent dans un paris en pleine ébullition.
Mais plus qu'un simple effet de style, l'ajout de ce procédé de double narration ajoute une vrai plus-value intrigante aux deux récits.
A la fin de la lecture, on s'interroge sur la chronologie des évènements. Y-a-t-il d'ailleurs une chronologie? Linéaire? Paradoxe de temps?
Les deux enquêtes m'ont semblé se répondre dans une boucle infinie? A moins que....
Si bien que quelques jours après la lecture, des réflexions à son sujet continuent à me trotter en tête.
Non, il ne faut pas louvoyer : L'orfèvre est une oeuvre diablement maline, entêtante, dont le parfum enivrant flotte dans l'air plusieurs jours après l'avoir quitté.
Et alors pour la partie graphique, accrochez-vous bien!!! Car Aurélien Lozes fait des merveilles. Des personnages anthropomorphes à l'instar d'un blacksad ( on a vu pire référence), un dessin noir et blanc, dessiné au BIC, de toute beauté.
Ralala, excusez moi mais put... que c'est beau!!!
Le trait est précis, clair, minutieux : les scènes regorgent de détails, l'ambiance est folle, bouillante.
On dévore littéralement des yeux chaque scène de ces deux récits menés "tambours battants".
Un vrai travail d'orfèvre en fait! (oui je sais ;))
Pour une 1ère oeuvre, c'est particulièrement surprenant ; surprise renforcée par le fait qu'on a quasiment aucune information sur l'auteur.
Il faisait quoi avant tout ça Aurélien? Encore d'autres questions sans réponses...
Parce que là c'est tout simplement spectaculaire : un sans faute.
Bande dessinée de l'année? Hum...très certainement en ce qui me concerne.
A lire et relire et relire et relire et relire et relire...