Enfin, ça y est, c'est le printemps. Au niveau des températures actuelles, très alarmantes, on le savait déjà... Mais c'est aussi le printemps de la bande dessinée, car Roques & Dormal nous ont fait l'honneur, le plaisir et le printemps, donc, de sortir, comme chaque fin d'année (2015), un album de leur héros commun Pico Bogue.


Le contrat est encore une fois rempli. Tout est là. Certains se plaignent d'une certaine forme de "redite", d'un "réchauffement au micro-ondes" de la plupart des gags présents dans cet opus, voire d'un humour un peu terne ou en berne. Pour ma part, les gags me semblent en complète phase avec le ton très drôle - absurde - intellectuel qui fait le charme de cette série.


Le dessin, inimitable, est très léger. On dirait même que l'auteur a mis un point d'honneur à ne pas faire de trait plus "appuyé". Tout, dans les thèmes abordés, le dessin, les scènes, saynètes, gags respirent cet air rafraîchissant du printemps. Les visages n'ont pas besoin d'être expressifs, c'est le gag ou l'histoire qui dit tout du visage. Même lorsque l'on s'attend à une réaction émotive de la part de l'un des protagonistes qui est alors devant d'un fait, son visage reste impassible, inerte, mutique : ce qui donne un humour pince-sans-rire, absurde, et même un peu anglais dans l'âme.


Pico, même s'il sait qu'il a tort ou qu'il ne se trouve pas en position de force, trouve toujours le moyen d'avoir le dernier mot : ce n'est jamais lassant, puisque tous les lecteurs, au gré des précédents albums, se sont imprégnés de sa personnalité, de ses qualités, défauts, attendant tous de lui, logiquement et légitimement, qu'il réagisse de la sorte. D'ailleurs, nombreux sont les gags basés sur sa propension a vouloir avoir raison à tout pris. Mais cela est d'autant plus drôle que le personnage sait pertinemment qu'il a tort, c'est un peu comme s'il ne s'avouait jamais vaincu, comme s'il jouait systématiquement son va-tout, ses dernières cartouches, sa vie.


Quintessence de la bande dessinée qui donne envie de prendre les choses du bon côté, qui donne envie de se prélasser dans un hamac, de se laisser aller au gré des flots, évidence d'une oeuvre qui se mange sans faim, sans soif, qui se savoure à tous temps, toute heure. Évidence de l'art qui permet de se changer les idées face à l'absurdité de la vie.


A lire, ...c'est évident.

ErrolGardner
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le 6 janv. 2016

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