Après avoir accidentellement commencé par le 3e tome, un emprunt fortuit disons, me voilà donc plongée dans le premier, dont je ne suis pas déçue.
Un jeune garçon de l'ethnie Dao, reconnaissables à leurs cheveux et yeux noirs, a quitté la tribu dont sa mère est la chef afin de rencontrer son père, dans une cité aux mille noms que seuls les citadins appellent "La cité sans nom". Kaidu, de son petit nom, n'est pas le redoutable guerrier qu'on souhaite faire de lui, mais plutôt le gentil jeune homme amateurs de livres et de nature curieuse. Son père est un pacifiste qui travaille auprès du Général de toute lames, l'actuel chef de la cité. Lorsque Kaidu visite la cité, il rencontre Rate, une Nommée ( autrement dit, d'une ethnie originale et non envahissante comme les Dao, qui sont actuellement dominants dans la cité). Celle-ci est une redoutable coureuse, capable de filer sur les toits et bondir habillement d'une surface à une autre. Du "parcours", en somme. Bref, Rate et Kaidu se lie d'amitié, l'un fournissant la nourriture à l'autre, l'une apprenant l'art de courir dans la cité à l'autre, malgré l’animosité entre les deux ethnies. Mais bientôt, Rate entend parlé d'un complot pour assassiner le Général et son fils. Bien que largement consciente des horreurs commissent par les Dao lors de leur invasion, Rate prend une chance et tente d'avertir le Général de la menace...à ses risques.
J'aime beaucoup ce petit monde cosmopolite qui me fait penser à Montréal, véritable carrefour ethnique et amalgame hétéroclite de toute sorte de monde en une seule place. Mais contrairement à Montréal, bien sur, la Cité sans nom est au centre de lutte pour sa gestion entre diverses factions militaires, à un âge quasi féodal. La Cité trahit une souche très orientale, visible à son architecture, ses vêtements, ses mœurs et même le physique des personnages: les Dao semblent japonais, le clan de la mère de Kaidu semble plus mongol et certains personnages , comme Mura, semblent plutôt grecs. Cette variété de morphologies et de couleurs de peau accentuent l'impression d'être dans une ville cosmopolite. Donc, la pluralité ethnique et sociale est un trait de la ville que j'affectionne particulièrement.
De plus, nous avons ici des personnages attachants et sortis des carcan standards en jeunesse. Les parents de Kaidu le montre bien: une mère Chef de Clan assez grande et solide et un père un peu flanc-mou, érudit, pacifiste et sympathique. Kaidu lui-même n'est pas le petit soldat parfait, mais un garçon curieux, sensible et vaillant. Rate est physiquement plus forte et très agile, au caractère trempé, mais capable de revoir son jugement initial. On donc un duo qui se complète très bien. Même le Général de Toute Lame, qui en principe fait office d'antagoniste, n'est pas le cruel tyran ou l'homme de guerre implacable qu'il semble être au début, mais plutôt un meneur de nature tranquille, un peu poète, qui a vraiment de nobles intentions concernant la ville ( un état qui se traduit par son comportement ouvert à la fin du livre). Donc, on sort des standards avec Hicks, et c'est un gros plus pour sa série.
On reste cependant dans un style gentillet, simple, parfois même un peu simpliste, mais comme on fait affaire avec la jeunesse, ce n'est pas un défaut en soi. On a beaucoup d'action, des enjeux sociaux mit en évidence, des valeurs défendues, conférant à la Bd une grande pertinence, ce dont je sied gré à l'autrice, car la jeunesse n'a pas a devenir creuse et débilitante juste parce que c'est de la jeunesse, bien au contraire.
Et le tout est souligné par un dessin dynamique, dans une chaleureuse palette de couleurs, le tout très agréable à l’œil malgré des lignes très carrées et des décors épurés.
Une très bonne série que je recommande assurément.