Dans un pays qui évoque la Chine, la Cité sans nom fait l’objet d’âpres conflits entre les différentes nations environnantes. C’est qu’elle seule fournit un accès à la mer à travers les montagnes qui en bordent le rivage. Et après trente ans de paix, ou plutôt d’occupation par l’Empire Dao, une ère de bouleversement semble sur le point de débuter.


Voilà trente ans, l’Empire Dao s’empara de la Cité sans Nom et la rebaptisa aussitôt d’un nom relevant de sa propre culture : DanDao. En cela, l’Empire se comporta comme tous ses prédécesseurs qui se succédèrent à la tête de la ville fortifiée au fil des siècles. Une ville aux mille noms - Daidu, Yanjing, Cambaluc ou encore Monkh - que les habitants originaires de la Cité nomment La Cité sans Nom, s’appelant eux-mêmes les "Nommés".


Notre récit débute lorsque Kaidu, jeune noble de l’Empire Dao, rejoint la Cité où son père, qu’il n’a jamais vu, est général. Il doit y être militairement formé mais le garçon préfère parcourir livres et ruelles plutôt que s’entrainer au combat. Avec Rate, jeune autochtone, il apprend alors à courir sur les toits de la Cité, découvrant peu à peu la réalité de la vie de ses habitants.


On tient là, avec La Cité sans Nom, l’une des très bonnes BD jeunesse de l’année. Tout y est pour proposer une lecture divertissante et intelligente, dotée de qualités graphiques et narratives évidentes. L’univers posé oscille entre exotisme familier - Une Chine revisitée - et invention d’ores et déjà passionnante - la topographie particulière du pays qui fait de la Cité un enjeu géopolitique capital.


L’intrigue se déploie elle du côté du politique et du social à la fois, jouant sur les tensions entre les modes de vies et intérêts de l’envahisseur Dao et ceux des Nommés, qui laissent passer les vagues successives de conquérants. Cette dimension prend corps à travers la rencontre des deux héros, issus des deux camps, et trouve des relais intelligents du côté des personnages adultes, moins manichéens que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre.


Une action rondement menée, des personnages aux portraits parfaitement brossés et immédiatement attachants, une forme de légèreté malgré le sérieux de certains enjeux et une bonne dose de mystères, dont on pressent le caractère crucial au sein du scénario global, complètent le tableau et assoient le comics de Faith Erin Hicks comme un belle réussite jeunesse susceptible de plaire aux jeunes comme aux moins jeunes.


D’ailleurs, l’auteure canadienne n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine puisqu’elle fut récompensée en 2014 d’un Eisner Award dans la catégorie "publication pour enfants" pour The Adventures of Superhero Girl, paru chez Dark Horse Comics mais encore inédit chez nous. La Cité sans Nom est annoncée en trois volumes et c’est peu dire que l’on a hâte d’en découvrir la suite.


Chronique originale et illustrée sur ActuaBD.com

seleniel
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le 26 mai 2017

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