Une grosse impression de raté à la suite de la lecture de ce tome. J'en attendais tellement... C'est tout simplement du gâchis monstrueux. Les retrouvailles de près de 50 ans entre des légendes de la bande-dessinée séparées pour des bêtes raisons de droit d'auteur se devaient d'être à la hauteur.
Alors, en versant une larme, citons en vrac les innombrables point négatifs de l'album:
- Les personnages n'ont pas la même tête d'une case à l'autre, c'est
réellement un sentiment de travail bâclé qui s'impose. Il y a même
une case ou Fantasio sur la pirogue a une tête ridiculement petite et
mal dessinée, on se demande comment on peut laisser passer ça sur une
série aussi prestigieuse et légendaire que Spirou.
- Les décors sont affreusement vides, sans charme, on ne retrouve pas
cette impression de profondeur touffue de la forêt qu'il y avait dans
les albums de Franquin, ou avec Tome & Janry dans le mythique La
Vallée des Bannis. Il y a de sérieux problèmes de perspective,
j'avais du mal à situer mentalement les personnages.
- Le scénario est en roue libre, complètement déstructuré. Au 3/4 de
l'album, je me suis dit "Bon, quand es-ce que ça commence?". Les
scènes s'enchainent sans réelle logique, à 100 à l'heure. On se dit:
tout ça pour ça?
- Les utilisations des personnages de la rédaction (Prunelle, de
Maesmeker, Lebrac et toute la clique) sont tristement ratées et
semblent vraiment forcées.
- Le Marsupilami semble avoir été bien compris des auteurs, jusqu'au
moment où il réalise un truc impensable et beaucoup trop compliqué au
vu de ce qu'il nous a habitué dans les albums Spirou et les albums
Marsupilami. J'avoue avoir bloqué sur ce passage à cause de son
incohérence.
- Les personnages secondaires creux et inutiles comme d'habitude avec
Yoann et Vehlmann, amenés aussi vite qu'ils disparaissent.
- Les couleurs sont trop ternes et basiques, et ne retranscrivent pas assez bien les
atmosphères. Comparez les avec celles de Stuff pour Tome & Janry et vous comprendrez la différence.
- J'ai vraiment de la peine à voir les
textes écrits à l'ordinateur avec une police quelconque de
bande-dessinée.
- Ca aurait été plus logique de conserver le design des vieilles bases
de Zorglub.
- Zantafio qui se drogue à la seringue (!!!!!) dans une ruelle sombre et crade (!!!!). OH mais n'importe quoi ! Je vous rappelle que c'est une BD tous publics.
- La fin ultra-putassière limite pulp de bas étage de série Z qui n'a rien à faire dans Spirou. On n'est pas dans Kung Fury, on est dans l'univers de Spirou & Fantasio ! A quand un album avec une histoire complète qui se suffit à elle-même, comme cela a toujours été le cas? Marre des teasings abracadabrantesques de fin d'album qui arrivent comme un cheveu sur la soupe.
- Et pour finir... Gros gros gros gros point noir: les incohérences avec le reste de la série. Depuis quand la Zorglonde rend colérique? Depuis quand Spirou & Fantasio ont tout oublié du Marsupilami ? On se souvient pourtant qu'ils s'en rappellent de temps à autre (La Vallée des Bannis et son mythique "Houba" qui a dû donner des sueurs froides à beaucoup de lecteurs! Je crois même que dans une histoire de Tome & Janry, Spirou possède une peluche Marsupilami) sans devenir fous.
Bon, j'arrête car je vais avoir des veines qui vont exploser tellement j'enrage à la lecture de cet infâme album. Le mot de la fin:
Ho les auteurs! C'est Spirou & Fantasio! Réveillez-vous, bordel!
Bonus:
Pour ne pas qu'on se dise que je ne fais que critiquer, je vais essayer d'apporter un peu de constructivisme et expliquer comment j'aurais vu les choses.
Tout l'histoire avec la zorglonde de Zantafio ne tient pas debout, faut arrêter les conneries et essayer de chercher des excuses capillotractées. Il faut aussi arrêter de faire parler les personnages de "passé". Le laps de temps qui s'écoule entre les albums n'est pas mesurable. Il n'y a pas de "lointain passé", toutes les histoires se déroulent quasiment les unes après les autres, dans une sorte d'univers atemporel. Pour moi, ça ne fait tout au plus que quelques années (2 ou 3 grand maximum) que Spirou & Fantasio auraient quitté leur marsupilami, pas des décennies.
Qui dit retrouvailles dit de faire les choses en grand: j'aurais aimé un double-album à paraitre à la fois dans la série Marsupilami et dans la série Spirou & Fantasio. Deux albums qui se complèteraient, avec d'un côté la vision du Marsupilami (dans sa propre série, dessiné Yoann avec son style de Toto l’ornithorynque), et d'un autre la vision de Spirou & Fantasio (dans leur propre série, dessiné par Batem). A la manière de ce qui avait été fait dans Les Petits Hommes et le Scrameustache pour leurs albums communs. Le tout en publication simultanée dans le journal de Spirou! N'ayons pas peur de voir les choses en grand! Il aurait été extrêmement intéressant de switcher les rôles le temps d'un album. Yoann a prouvé qu'il dessine très bien le Marsupilami dans ce tome 55 (le seul truc bien dessiné de tout l'album...pfff c'est triste), alors imaginez ce que ça rendrait s'il laissait son vrai style s'exprimer! De son côté, Batem doit mourir d'envie de dessiner un peu de Spirou, et on aurait enfin eu des dessins fidèles au canon dans Spirou & Fantasio!
Concernant l'histoire, le plus logique aurait été de faire une rencontre avec une femelle marsupilami, et bien évidemment le marsu de Spirou & Fantasio serait resté là bas. La rencontre aurait pu être fortuite, à mi-chemin d'album, pour ne pas arriver tel un cheveu sur la soupe. On aurait eu 2 marsus (male + femelle) qui auraient combattu aux côtés de Spirou & Fantasio le temps d'un album (enfin, 2 albums!). Les raisons de les renvoyer tous en palombie sont nombreuses: déforestation, combattre un truc du genre Monsanto, combattre l'impérialisme américain dans un pays inspiré du Venezuela, ... Les adieux auraient été durs, mais on peut imaginer qu'ils reviendraient de temps en temps, le temps de vivre une aventure d'un album ensemble. Ça aurait eu davantage de panache et de logique...