Il y a bien longtemps, Franquin a décidé d'arrêter Spirou, dont il n'est pas l'auteur original. Il s'est cependant attaché à un personnage de son invention : le marsupilami. Après avoir accepté que Fournier l'utilise dans son premier album de la franchise (le faiseur d'or), à la condition que ce soit Franquin lui-même qui dessine le marsupilami, l'auteur décide finalement de garder sa créature pour lui, et c'est ainsi que le marsu disparaît très brutalement de la série, sans la moindre explication. Il ne sera plus jamais évoqué explicitement dans Spirou et Fantasio, pour des questions de droit. Seulement voilà, des décennies et de nombreux albums plus tard, Dupuis rachète Marsu Prod, et donc, le marsupilami… Une occasion unique pour Yoann et Velhmann de retrouver le personnage dans la série mère, une occasion que Tome et Janry n'ont jamais eu la chance d'avoir.
Les réalités éditoriales peuvent difficilement se faire entendre à l'intérieur même du récit, c'était donc un sacré challenge de retrouver le marsupilami, et d'expliquer pourquoi le personnage avait disparu si abruptement, sans qu'il ne soit plus jamais évoqué. Mais c'était justement ce challenge, cette question, qui intéressait Fabien Velhmann, et il se débrouille très bien avec ça (je ne révélerais bien sûr pas les détails). L'autre grande qualité de l'album, c'est l'attente des retrouvailles avec le marsupilami : comment va-t-il ? Comment les héros vont-ils le retrouver, alors qu'ils l'avaient si longtemps abandonné ? Comment va-t-il réagir à leurs retrouvailles ?… Tout ça est très bien traité. Enfin, le marsupilami va-t-il retourner vivre avec Spirou et Fantasio ? La conclusion, très simple, assez évidente, est pourtant très bien trouvée et assez jolie. L'attente de voir nos personnages retrouver le marsu est d'autant plus forte qu'il s'agit d'un événement éditorial inédit, tout l'album n'en est que plus sensible pour le lecteur.
Enfin, comment Spip réagit-il ? Forcément, il n'est plus le chouchou… Eh bien, alors qu'on ne s'y attendait pas particulièrement, Spip est hyper bien exploité dans l'album. Il a même son heure de gloire…
Au-delà de tous les enjeux liés à la réapparition du marsupilami, il faut souligner l'importance de Fantasio dans ce récit, qui s'est métamorphosé au fil des albums de Yoann et Velhmann : dans leurs albums, on retrouve le Fantasio qui travaille à la rédac du magazine Spirou !… C'est super sympa, mais exploité de manière vraiment intéressante dans cet album. Il répète plusieurs fois à Spirou que cette aventure est peut-être vaine, que le marsupilami est sûrement bien où il est, qu'ils n'arriveront jamais à le trouver dans cette jungle immense… mais ces arguments ne cachent-ils pas une réalité moins glorieuse ? Fantasio, pris par le travail (le vrai !), ne se serait-il en fait lassé de ses aventures aux côtés de Spirou ?…
Sinon, un Zantafio qui se pique le bras avec une seringue (je trouve ça fou, pour une série officiellement jeunesse), une scène épique où le fleuve amazonien se la joue raz-de-marée, une apparition de De Maesmaker (!), et un Spirou déguisé en Naruto (!!!!)… Définitivement un album de Spirou historique.
A tout cela, je rajouterais que le dessin de Yoann est hyper top. Définitivement un duo au meilleur de sa forme. Dans le prochain album, il y aura des nazis ! Vivement.

FlorianDuchesne
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le 11 mars 2016

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