La Dernière Fille de Krypton - Supergirl, tome 1 par Ninesisters

Une des conséquences heureuses du New 52 de DC Comics, c’est qu’en ayant voulu lancer autant de titres simultanément, ils ont été obligés de varier les histoires et les concepts. Les succès annoncés comme Batman et Justice League ont hérité de trames relativement classiques – pas forcément mauvaises pour autant – tandis que les séries moins attendues ont dû apporter des variations, de l’originalité, afin de ne pas se trouver en concurrence avec d’autres titres similaires au sein même de leur maison d’édition. Ainsi, Batgirl racontait les aventures d’une héroïne traumatisée qui essayait de reprendre son rôle de justicière. Même son de cloche du côté d’une Supergirl désemparée, qui arrive sur Terre 20 ans après son cousin Superman, et qui n’a aucun souvenir de la destruction de sa planète.

Le concept de la Supergirl nouvelle génération est séduisant. Notre héroïne est perdue, ne comprend ni ses pouvoirs, ni ce qui a pu lui arriver, et évidemment ne parle pas la langue de ceux qui en ont après elle ; et ils sont nombreux. De quoi être désorientée. Dans ces moments-là, c’est l’instinct de survie qui prend le relai.
Si les nouvelles spécificités du personnage font tout l’intérêt du titre, ainsi que son combat contre des individus prêts à tout pour exploiter ses « capacités », l’ensemble manque de crédibilité. Le scénariste a fait le choix de ne pas faire intervenir Superman dans l’ensemble du récit, probablement car il aurait volé la vedette à sa cousine, et probablement car ce premier arc se serait transformé en un long discours sur comment vivre sur Terre et ce qui est arrivé à Krypton. Seulement, Superman fait bel et bien une apparition au début de l’histoire ; compte-tenu de sa personnalité, il est inimaginable qu’il n’ait pas plus insisté pour prendre Kara sous son aile, la seule membre de sa famille qui lui reste.

Outre le comportement illogique de Superman, la première histoire de Supergirl, si elle se laisse suivre sans problème, possède un défaut qui se remarque après coup : elle va trop vite. Supergirl saute d’une menace à l’autre, sans avoir le temps de souffler, de se poser, et d’essayer de trouver des réponses à ses nombreuses questions. Tout cela manque de réalisme.
Alors oui, le personnage est bon, et sa qualité vient de ses particularités uniques. Néanmoins, l’auteur ne semble pas savoir quoi faire d’un Superman qui aurait dû se montrer plus collant – quitte à le faire intervenir, il aurait fallu assumer – sa première histoire est intéressante mais trop abrupte, et il est bien entendu que l’éditeur ne pourra pas maintenir très longtemps Supergirl dans l’ignorance ; se faisant, elle risque de basculer du côté des héroïnes lambda. Last Daughter of Krypton est un comics loin d’être déplaisant, mais qui souffre d’incohérences et annonce une suite en demi-teinte.