Jean-Marc Rochette nous livre ici un récit qui sent la pierre, le sang et la neige, où la nature impose sa loi et où l’homme, fragile prétendant au trône du monde, se heurte à plus grand que lui. La Dernière Reine, c’est un mélange brutal entre le conte naturaliste, la fresque historique et le drame humain, le tout emballé dans une puissance graphique qui fait grincer les montagnes sous nos yeux.
On suit le destin de Max, un artiste marqué par la guerre, et d’une ourse, majestueuse et indomptable, qui incarne un monde en train de disparaître. Entre eux, une lutte sourde et une admiration mutuelle, comme si l’animal et l’homme comprenaient au fond qu’ils ne sont que des spectateurs impuissants d’une époque qui les broie.
Rochette, qui manie la plume et le pinceau comme un montagnard taille la roche, nous livre un album où chaque planche est une claque esthétique. Son trait vif, presque rugueux, colle parfaitement à cette histoire qui nous rappelle que la vraie beauté est souvent tragique.
Au final, La Dernière Reine, c’est un récit à la fois intime et épique, un dernier rugissement avant l’extinction, un face-à-face entre l’homme et ce qu’il lui reste d’instinct. Un album qui nous prend aux tripes et nous laisse groggy, comme après avoir croisé un ours au détour d’un sentier... et s’être demandé qui de nous deux était vraiment en voie de disparition.