La Fille du Japon

Alors que l'origine de Yoko était accessoire dans les tomes précédents, La Fille du vent nous emmène au pays natal de l'héroïne.

Ce qui fait que l'album fait une chose qui ne se faisant pas tant que ça à l'époque: donner un background au personnage principal.

En effet, contrairement à la plupart des protagonistes aventuriers des bds francophones pré-années 80 comme Tintin, Spirou ou encore Johan n'ayant pas d'origines, ni de familles, Yoko, elle, a les deux.

Et autant dire que les origines en question ne sont pas des plus harmonieuses puisque La Fille du vent nous montre papa Tsuno en conflit contre Kazuky dans une histoire ressemblant à un mélange entre 20 000 lieues sous les mers où trois protagonistes sont piégés par une espèce de Capitaine Nemo (ici Kazuky) dans un sous-marin dangereux et des images de guerres rappelant Hiroshima et la Bombe A avec des bombardements et, carrément, du nucléaire au sens propre.

Il est également possible de voir à travers papa Tsuno et Kazuky les militaires s'appropriant les inventions des scientifiques afin d'en faire des armes.

En dehors de son propos, La Fille du vent est le premier album à nous montrer une Yoko humaine et faillible dans un contexte la dépassant où elle subit plus qu'elle ne vit une aventure ou plutôt une mésaventure dans le cadre de cet album.

Cela se voit particulièrement avec le personnage d'Aoki, figure paternelle mettant en garde Yoko contre ses démons et ses actes trop casses-cou.

De plus, La Fille du vent nous montre une Yoko faillible et humaine la rendant ainsi très touchante dans un album plus triste qu'autre chose.

Autres qualités, le trio commence un peu à se reformer pour de vrai puisque Vic recommence à avoir de l'importance en tant que personnage.

Par contre Pol, lui, demeure encore et toujours un figurant. Dommage!

En ce qui concerne le dessin, on revient à un trait plus fin et des couleurs un peu plus ternes que dans Les Titans.

De plus, les images sont assez spectaculaires étant donné que l'album ne se prive jamais de montrer combats aériens et navals très impressionnants.

Néanmoins, l'album a quelques défauts. En dehors de Pol étant encore et toujours là pour faire joli, la mère de Yoko, elle, est carrément une figurante dont la présence n'amène rien dans l'intrigue.

De plus, le côté "code d'honneur" du Japon est mis en scène de manière caricaturale et clichée et, ainsi, ne paraît pas vraiment authentique.

Néanmoins, La Fille du vent est un album étant à la fois émouvant et plein de réflexion sur comment il pourrait être possible de construire un meilleur futur malgré les erreurs des humains.

Bref, un tome très réussit méritant de se lire plus d'une fois.