Parmi mes nombreux petits plaisirs coupables il y a la lecture de pages remplies de super-héros musclés et culottés. Cependant, je n’ai pas pour habitude de critiquer les revues kiosques des super-héros. D’une part, beaucoup des meilleures histoires ont eu les honneurs de rééditions en librairies (mais pas toutes), et d’autre part, la plupart sont d’un niveau tout juste acceptable pour prendre le temps de se pencher dessus.
Si je change mon fusil d’épaule, c’est pour mieux tirer sur l’histoire qui est contenue dans cet hors-série, regroupant les annuels de New Avengers (V2) et des Avengers (V2), des épisodes spéciaux publiés en marge des séries en question une fois par an. Tous deux sont dessinés par le talentueux Gabrielle Dell’Otto. Pour ceux qui ne suivent pas les aventures des héros Marvel en comics, nous sommes après une série d’importants évènements qui ont bouleversé la situation des personnages de cet univers, apportant même de justes questions sur le monde réel. A l’image de Civil War, qui voyait deux camps s’opposer sur la question des libertés individuelles.
Wonder Man est un personnage récurrent des Vengeurs, un personnage bien apprécié grâce à son côté plus détendu. Mais Brian Michael Bendis, le scénariste en chef de la reprise des Avengers à cette époque lui a fait jouer le rôle du membre pénitent, amer de constater que l’équipe s’est perdue de vue dans ses objectifs de protection en plus de cacher de multiples secrets. Ces deux épisodes viennent conclure cette envie d’en finir, Wonder Man ayant réuni une équipe de "héros" opposés aux Vengeurs.
Et on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il n’a pas entièrement tort. Que certaines catastrophes sont le fait des Vengeurs. Pire, qu’ils ont volontairement protégé certains de leurs membres coupables de ces exactions. Iron Man et d'autres n'ont parfois pas été de la plus grande probité à cette époque. C’est parfois ce que peuvent reprocher certains adversaires, mais ici la critique est différente puisqu’elle vient de l’intérieur.
Et alors que l’histoire commence agréablement bien, le reste est comblé par des affrontements entre les équipes, puisque pour montrer que les Vengeurs sont violents autant se battre contre eux. Et surtout, montrer que Wonder Man perd légèrement la boule, qu'il n'a donc plus sa tête. Le camp de la critique part déjà avec un certain discrédit. Et de l’autre côté, parmi les accusés, tout va bien, on ne trouve aucune amorce de réflexion ou de culpabilité chez les Vengeurs, ce qui aurait pu être intéressant. Tout au plus quelques cases d’émissions télé viendront questionner la pertinence de l’équipe, mais rapidement oubliés par la suite.
Est-ce que ces épisodes sont une manière pour le scénariste de se dédouaner de certaines critiques qui auraient pu lui être faites, sur sa gestion des Avengers ? La réponse en tout cas apparait maladroite, bien peu subtile.
Deux épisodes, c’est trop peu, mais utilisés aussi mal, c’est fortement regrettable au vu de l’idée si mal exploitée. Les conséquences des actes ne seront pas abordés, tout reste une fois de plus au premier degré. C’est d’ailleurs l’un des côtés parfois fatigants des feuilletons de comics, c’est qu’un scénariste détricotera ce qu’un autre a fait, faisant expier du bout des lèvres un personnage coupable. Et devinez-quoi ? Wonder Man rentrera dans le droit chemin, s’excusera de son comportement et tout est rentré dans l’ordre.