On l’a maintenant compris, avec Scott Snyder mieux vaut se mettre à table en connaissance de cause, surtout pour ce Batman Metal qui annonce bien la couleur. On sent et on sait qu’on va se farcir un comics gras, dégoulinant de concepts fumeux, de références meta sous forme d’ego-trips, de menaces toujours plus tellement-over-the-top-que-le-Multiverse-n’a-jamais-vu-ça, de secrets enfouis depuis la nuit des temps et autres MacGuffin dont on ne se souvient plus trop de l’utilité supposée au bout de deux pages. Un truc aussi peu digeste que la phrase précédente, mais qui se donne quand même des airs de grande cuisine.
Et pourtant… on se laisse prendre au jeu avec un certain plaisir coupable pour peu que l’on se délecte du tome avec tout le second degré qu’il mérite – certainement à son corps défendant. Snyder est en roues libres et DC lui laisse le champ libre : le WTF est partout, grisant ou désespérant, selon le taux de tolérance que l’on accorde aux excès du bonhomme. On pourra lui reprocher beaucoup de choses (cf. la liste du paragraphe ci-dessus) mais pas sa bordélique générosité, en mode buffet à volonté.
Aux dessins, Capullo est en petite forme malgré quelques solides passages, ce qui est assez frustrant quand on connaît son travail antérieur sur Batman. J’ai préféré le boulot des plus jeunes Mirka Andolfo, Stjepan Sejic et Juan Ferreyra, tous trois officiant sur les tie-in Gotham Resistance (récit passable malgré un bon potentiel). Ils proposent quelque chose de différent, loin des standards actuels et avec une personnalité marquée.
J’ai en revanche eu un petit pincement au cœur face aux prestations de Jim Lee, John Romita Jr et, dans une moindre mesure, Andy Kubert (les trois étant entrelacées dans les mêmes numéros - ou comment ajouter du bordel au bordel). Fatigue ? Lassitude ? Manque d’envie ? Grosse flemme ? Le résultat est médiocre et c’est vraiment triste pour de tels noms du comics...
Si l’indigestion guette parfois au détour d’une page (attention au robot super sentaï Justice League), ce premier tome de Batman Metal est une entrée qui passe plutôt bien. Il suffit de bien se préparer et de ne pas en attendre trop de raffinement malgré les grands airs que le chef Snyder se donne. Goûter par la suite au plat principal est clairement tentant même si l’on sait qu’une fois le dessert arrivé, et malgré toutes les calories absorbées, on risque de sortir de table écœuré mais le ventre bien vide.