« Tu fais quoi dans la vie, Alexandra ?
-Moi ? Pas grand-chose. Des bêtises.
-« Des bêtises ? » Mais c’est génial comme métier. C’est exactement le plan de reconversion professionnelle qu’il me faudrait… Tu embauches ? »

Alors qu’il continue de briller chez Shampooing en publiant ses notes de blog sous des thématiques bien précises (« Le jeu vidéo », « L’amour »…), Bastien Vives se joint à Ruppert & Mulot afin de s’offrir un trip à la Cat’s Eyes.

Pour tous les trentenaires qui ont fait leurs dents sur les dessins-animés du Club Dorothée, « Cat’s Eyes » (créé par Tsukasa Hojo, auteur également de « City hunter ») renvoie aux premiers émois libidinaux ressentis par le prisme d’un poste de télévision. A l’instar de Wonder Woman (campée par la délicieuse Lynda Carter) ces filles aux collants moulant jouant les cambrioleuses de charme ont émerveillé plus d’un bambin, à commencer par moi. Quand on a dix piges, impossible de ne pas avoir les yeux exorbités face à ces corps aux courbes lascives. Toute une époque !

C’est probablement avec cette même nostalgie que nos trois camarades se sont lancés dans un projet faisant référence à ce manga des années 80. Inutile de tenter un rapprochement scénaristique entre ces deux histoires, cependant, cambriole et sex appeal sont bien au programme de « La Grande Odalisque ».

L’aventure débute au Musée d’Orsay. Alors que Carole, la jolie blonde est en train de gauler soigneusement « Le déjeuner sur l’herbe » de Claude Monet. Pendant de temps, son amie Alex se fait larguer par texto. Une rupture qui aura son incidence sur le cambriolage.

Cette entrée en matière a le don de poser les caractéristiques personnelles de nos héroïnes : Carole fait office de fille sérieuse alors qu’Alex est vraisemblablement un cœur d’artichaut pour qui le boulot passe après le sentimentalisme :
« Ca y est, je viens de baiser avec Clarence dans les chiottes. »

En termes de cambriolage, on ne peut pas dire qu’Alex et Carole soient de très grandes professionnelles. Sans C.A.P. crochetage, elles piétinent dans leur entreprise, ce qui rend leurs phases d’infiltration grotesques d’approximation. Tout n’est pas réglé comme sur du papier à musique, loin de là. Pourtant, il va falloir travailler la rigueur car la prochaine mission se révèle sacrément corsée. Il s’agit de dérober La Grande Odalisque, chef-d’œuvre d’Ingres exposé au Louvres. Pour cela, elles vont faire appel à Sam, une cascadeuse qui sait tout faire ou presque avec un bolide à deux roues.
On suit nos trois femmes dans leurs aventures particulièrement rythmées. En parallèle de cette action débridée, les auteurs versent également dans l’humour avec des phases particulièrement décalées. Pour ce qui est du dessin, on a un ensemble particulièrement coloré qui se distingue par sa variété. Si la patte gracieuse de Vivès est immédiatement identifiable, notamment quand il s’agit des traits féminins, il est utile de rappeler que l’ensemble du travail a été partagé tant au niveau du dessin que de l’histoire.
« La Grande Odalisque » est une bande-dessinée joyeusement foutraque. Toute recherche de crédibilité dans ces pages se révèle vaine et c’est ce qui fait en grande partie le charme de ce livre. Messieurs, merci.
SuperLibraire
7
Écrit par

Créée

le 4 avr. 2013

Critique lue 438 fois

2 j'aime

Anthony Boyer

Écrit par

Critique lue 438 fois

2

D'autres avis sur La Grande Odalisque

La Grande Odalisque
Stephane_Hob_Ga
7

Les french Cat'eyes

J'ai une vraie relation d'"amour/haine" pour le travail de Vivès. Lorsque je l'ai découvert avec "le goût du chlore" , ça a été un petit coup de cœur et puis petit à petit, j'ai trouvé tous ses...

le 26 janv. 2014

10 j'aime

6

La Grande Odalisque
trevorReznik
7

Critique de La Grande Odalisque par trevorReznik

A la lecture des premières pages, j'ai cru que cette association de Bastien Vivès, Jérôme Mulot et Florent Ruppert n'allait être qu'un prétexte pour eux pour coucher sur papier un fantasme digne du...

le 26 déc. 2012

7 j'aime

La Grande Odalisque
Cthulie-la-Mignonne
4

La Grande Odalique ou Comment surfer sur du vide

"Ils confrontent l’esthétique pop et manga à l’art officiel et opèrent un vrai rapt. La mise en scène est fascinante." Dixit Antoine Guillot au moment de la sortie de l'album. Mouais, mouais,...

le 17 avr. 2016

5 j'aime

Du même critique

La Vague
SuperLibraire
3

1.5 Millions de lecteurs pour ça?

Ben Ross, professeur d'histoire (qui ne maîtrise vraisemblablement pas son sujet), tente une expérience avec ses élèves. Alors qu'il aborde la question du nazisme et que ses élèves se demandent...

le 31 janv. 2012

16 j'aime

8

Une semaine de vacances
SuperLibraire
4

L'inceste et le glauque comme littérature branchouille

Les termes ‘Angot’ et ‘polémique’ sont tellement liés l’un à l’autre que les énoncer dans une même phrase relève du pléonasme pur et simple. Le pitch, on le connaît. Le livre traite de l’inceste, bla...

le 9 sept. 2012

14 j'aime

2