Ha voilà une belle évolution qui fait rudement plaisir.
Martin a fait d'énormes progrès, progrès que l'on sentait déjà dans le toma 4 mais que l'on remarque encore plus ici. Notons qu'entre les tome 3 et 4, Martin a laissé s'écouler trois années, tandis qu'entre les tome 4 et 5 il a laissé s'écouler une année ; je me doute bien qu'il devait être occupé sur d'autres projets, mais je suis à peu près sûr aussi qu'il s'est servi de ces périodes pour apprendre à mieux dessiner, et l'effort est largement payant. Bon, il reste toujours des problèmes de proportions, surtout au niveau des gosses qui ont le même canon qu'un adulte (du coup on dirait des adultes de petites tailles ou bien un problème de perspective). Quant aux décors, ils sont magnifiques ; on dirait que Martin s'est constitué une vraie bibliothèque remplie de documents visuels, car ses décors n'ont jamais été aussi riches de détails jusqu'à présent ; en plus, l'auteur ne passe pas son temps à les mettre en évidence, c'est souvent mis discrètement en arrière-plan, et c'est tant mieux. Les compositions de vignettes sont également plus intéressantes, avec aussi quelques scènes de nuit mettant à profit les masses de noir et autres silhouettes. La mise en page est un peu plus aérée que dans les trois premiers albums, mais ça reste toujours trop dense, surtout quand on voit la place accordée à cette voix off beaucoup trop encombrante.
Le récit est plaisant à lire globalement : de bonnes mises en situations, de l'action, du spectaculaire. Les personnages sont un peu plus creusés. Ce qui devient vraiment intéressant, c'est lorsque l'auteur décide d'adopter le point de vue des méchants : cela permet de multiplier les conflits, donc d'accroître la tension et de nourrir les personnages secondaires. Il est regrettable que Martin use tant de facilités pour résoudre les problèmes des personnages, de même que certaines décisions de personnages sont tirées par les cheveux (je pense notamment à ce plan qui consiste à reconstruire le campement d'Alix juste pour l'attirer à l'intérieur). Enfin, il reste toujours ce narrateur qui ne sert pas à grand chose puisqu'il répète beaucoup de choses par rapport aux images. C'est parfois intéressant, par exemple lorsqu'un personnage ou un animal meurt, ça permet de ne pas le montrer.
Bref, un cinquième tome plutôt plaisant globalement, meilleur que les 4 précédents albums ; j'ai failli mettre 7/10, mais cette voix off et ces trop nombreuses facilités ont eu raison de ma bonne volonté.