La Guerre des Ligues - Justice League, tome 5 par Kab
Geoff Johns est l’artisan principal de ce crossover auto-contenu dans trois séries. Il est épaulé par Jeff Lemire pour les parties sur la Justice League Dark et par JM de Matteis pour le numéro sur le Phantom Stranger.
(JPEG) Le premier point et selon moi le plus important, c’est trop long, beaucoup trop long. Sept numéros pour un crossover qui en amène un autre. Je pense que Johns a voulu faire dans le grand spectacle avec de nombreux affrontements inter-héros jouant avec de nombreux rebondissements. Certes, c’est bien mieux que les derniers crossovers insipides de Marvel et ça se lit bien, surtout en mensuel, ça étale un peu plus le tout et ça enlève une sorte de sensation de redondance à la relecture.
Les trois scénaristes ont chacun leur propre style. De Matteis dans son court numéro va mettre en avant les personnages, la psychologie et les blessures de chacun. L’histoire avance peu, mais le travail sur les héros est plutôt bien vu et apporte un vent de fraicheur entre deux bastons surtout qu’il faut bien le dire la caractérisation n’est pas le point fort de ce cross’ et encore moins des épisodes de Johns qui lui privilégie l’action et les pseudo-rebondissements.
Geoff Johns m’a déçu, mais je devrais y être habitué. Blackest Night ne m’avais que moyennement convaincu et c’était plutôt la partie de Tomasi que j’avais trouvé très bonne. Là encore, je le trouve très moyen, les scènes s’enchainant sans trop de logiques, les retournements sortant d’on ne sait où, la plupart des personnages présents ne servant à rien (mention spéciale pour Question), les dialogues sont parfois très mauvais et la caractérisation de certains personnages continue de me surprendre. La Wonder Woman de Johns est aux antipodes de celle d’Azzarello. Je me demande pourquoi ils ne se parlent pas à défaut d’avoir un éditeur qui gère un peu mieux les choses. Je ne parlerais pas des moments ou sous-intrigues inutiles, comme l’enlèvement de Madame Xanadu car il y en a beaucoup trop. Je n’ai pas trop compris non plus pourquoi il fallait faire de Superman un tueur, même de manière involontaire. Je pense que les scénaristes auraient pu y arriver autrement sans passer par là. Il n’y a aucune utilité à salir le personnage.
(JPEG) Jeff Lemire navigue entre deux eaux. Il tente de faire avancer l’intrigue et surtout de ménager ses personnages, mais il se laisse lui aussi aller à quelques facilités comme le retour de Shazam comme ça "pouf pouf me revoilà" ou le fait que Constantine en immense salaud ne soit pas touché par la corruption car il est déjà sali. L’idée est sympa mais un peu légère.
Après ses nombreux point négatifs, passons aux bonnes choses ! Déjà, ça se lit bien, ce n’est pas prise de tête.
Les amateurs de combats à la Civil War avec des héros contre des héros (d’ailleurs, il y a une forte parenté surtout dans la partie avec Waller) seront heureux car il y en a pléthore et ça reste tout de même présenté de manière logique.
C’est aussi une sorte de conclusion au run de Johns depuis sa reprise de la JL. Pas mal de choses sont bien amenées, comme la première confrontation entre la JL et la JLA, les actions de Waller et son possible double jeu. Tout le travail sur Shazam et la magie trouve en partie son aboutissement ici. C’est aussi raccord à ce qui a pu se faire dans d’autres séries car on parle de l’époque où Trevor dirigeait Team 7 et a tenté de récupérer la boite. La montée se fait bien et tranquillement, (un peu trop car comme je l’ai dit, c’est trop long surtout pour annoncer un autre crossover dans la foulée). Par contre, le final m’a vraiment cueilli et surpris agréablement car je ne m’y attendais pas du tout, même si en relisant le premier arc de la JLA, je me suis dit que j’aurais du le deviner.
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Autre point positif, le dessin. Il y a du lourd, du très très lourd. Déjà, commençons par le plus évident, Ivan Reis. Ses planches sont justes sublimes et dynamiques, pleines de puissance. L’artiste est excellent et sait tout faire, on ne le dira jamais assez !
Ensuite vient Doug Mahnke. Là, c’est un peu la déception, mais je ne lui jette pas la pierre. Quand on voit la pléthore d’encreurs parfois très peu inspiré ruinant les planches du bonhomme, on se dit dommage surtout que quand l’encrage est là, c’est vraiment excellent.
Mikel Janin est pas mal non plus même si son Superman est pas terrible et que ses planches sont parfois un peu trop figées.
Fernando Blanco qui officie sur le Phantom Stranger est lui aussi très bon bien que dans un style très différent des autres.
Au final, un crossover trop long qui aurait gagné en qualité et efficacité en étant réduit de moitié, mais qui reste finalement pas si mal que ça même s’il ne sert qu’à introduire le crossover suivant.