La légende de Songoku est une des innombrables adaptations du Voyage en Occident, roman chinois du XVIe siècle décrivant le parcours initiatique d'un moine chinois du VIIe siècle vers l'occident qui était l'Inde pour les chinois de l'époque. Dans sa quête des sutras ultimes, il rencontrera différents protagonistes dont Songoku, le Roi des Singes, qui deviendront ses disciples. Parmi les adaptations les plus connues en France, on peut citer Saiyûki, Le Royaume Interdit avec Jackie Chan et Jet Li et surtout Dragon Ball de Toriyama.

On notera évidemment beaucoup de similitudes entre Dragon Ball et La Légende de Songoku et, au début, il est amusant de les relever. On reconnaît certains passages (la montagne de feu, les personnages, le sauvetage de la tortue,...) et tous nos souvenirs s'entremêlent agréablement.

Puis, petit à petit, je me suis aperçu que ce manga commençait à m'ennuyer. J'en suis même venu à lire certains chapitres du 4ème et dernier tome trois fois plus vite que la normale, survolant des passages entiers. Pour moi, c'est exceptionnel et signe qu'il y a un problème dans ce que je lis. C'est d'autant plus rageant qu'il s'agit ici d'un manga de TEZUKA EN PERSONNE ! L'empereur, que dis-je, le Dieu du manga aurait donc publié une œuvre qui ne soit pas révolutionnaire, forte et humaniste à la fois ?? Selon moi, la réponse est donc malheureusement positive. Attendez, on parle quand même ici de l'auteur de Black Jack, de l'Histoire des Trois Adolf, d'Astro le Petit Robot, du Roi Léo et surtout de la Vie de Bouddha. La comparaison avec ce dernier est pertinente puisqu'il s'agit aussi d'une histoire se déroulant en Inde dans des temps anciens. Et autant ce Bouddha est pour moi un des monuments du manga, autant ce Songoku est parsemé de défauts.

En fait, je vais commencer par les bons côtés. Le dessin de Tezuka est ici de très bonne facture. Bien sûr, il garde ce style qui fait maintenant vieillot et auquel il faut s'habituer (j'ai moi même mis quelques dizaines de pages de Black Jack avant de m'y faire) mais il est ici maîtrisé. L'humour de Tezuka est disséminé à travers les quelques 1200 pages par petites touches intéressantes. Qu'il s'agisse d'anachronismes, de jeu avec les cases de la BD ou de sortir les personnages du manga pour faire directement intervenir Tezuka dedans, ça marche toujours bien.

Malheureusement, pour moi, ces avantages ne compensent pas les défauts que j'ai pu lui trouver (vous noterez que je marche sur des œufs en insistant bien que ce n'est que mon avis !). Commençons par l'histoire. Je ne sais pas si c'est Tezuka ou Wu Cheng'en, l'auteur chinois originel, mais elle est très, très, TRÈS répétitive. En exagérant, on peut classer les différents chapitres du manga qui sont indépendants en.... 1 catégorie : le moine-maître se fait enlever par un gros méchant et Songuku, Chô Hakkai le cochon et Sagojô le monstre vont à sa rescousse en utilisant leur magie de métamorphose. Même s'il est intéressant de voir certains combats totalement dans l'esprit de celui de Merlin et de la Sorcière dans le Merlin l'Enchanteur de Disney, je trouve qu'il aurait été nécessaire d'avoir plus de variété dans la trame narrative. À part la fin du dernier tome qui est originale, c'est juste toujours la même chose. Mais en plus de ce fond répétitif, la forme laisse à désirer. Les histoires se terminent en queue de poisson, parfois j'ai l'impression que certains chapitres sont simplement coupés en plein épilogue, comme si Tezuka n'avait pas eu le temps de finir. Cela donne au manga une impression de confusion quasi-permanente qui dérange la lecture. Le dernier reproche que j'ai à lui faire est plus personnel mais je ne retrouve pas l'humanisme des autres œuvres du maître. Par rapport à un Bouddha ou même un Phoenix, j'ai vraiment l'impression que cette Légende de Songoku n'est qu'une suite de combats avec, de temps en temps, une petite réflexion sur le mauvais comportement du Roi des Singes qui n'est pas suffisamment altruiste pour mériter de devenir un homme.
sseb22
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le 14 déc. 2011

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