Très honnêtement, dans les publications de Deadpool en France depuis quelques années, la série de David Lapham et Kyle Baker fait office d’ovni ! Ovni car complètement barrée, mais également ovni car drôle. (Je ne parle pas de Deadpool version Marvel Now, je n’ai pu lire que le premier numéro sur les six sortis, n’arrivant pas à mettre la main sur le numéro 2). Ayant pris beaucoup de plaisir à lire les deux premiers volumes, bien que le deuxième soit un peu plus faible que le premier, j’attendais avec impatience la lecture de cet ultime numéro.
Deadpool et Bob ont lamentablement échoué dans leur tentative de déjouer une conspiration gouvernementale. Ils sont maintenant accusés d’être des terroristes coupables du meurtre de centaines de milliers de personnes… et le monde entier veut leur peau ! Comment feront-ils pour s’en sortir et retrouver leur honneur ?
Voici la conclusion de la saga la plus extrême et démente du mercenaire disert, signée David Lapham (Punisher MAX) et Kyle Baker (Deadpool Corps). (Contient les épisodes Deadpool MAX II #1 à 6 et Deadpool MAX X-Mas Special)
Deadpool, encore plus barge qu’à l’accoutumée, et Bob, encore plus barge qu’à l’accoutumée, n’ont pas vraiment réussi à déjouer le complot gouvernemental qu’ils tenaient à déjouer. C’est même pire que cela, vu que Bob est dès lors considéré comme l’ennemi public numéro 1 ! On lui reproche un attentat ayant fait plus de deux cent mille morts ! Mais il est hors de question pour Bob de passer sa vie à se cacher à cause d’un acte dont il n’est absolument pas responsable ! Il va donc, avec l’aide de Deadpool, faire en sorte de mettre toute la lumière sur ce vaste complot, et dévoiler au grand jour ce qui se trame dans l’ombre et qui lie tous les personnages, tous plus déjantés les uns que les autres, que sont Deadpool, Bob, Cable, Colleen et bien d‘autres.
Et c’est là que le gros souci de ce tome arrive ! Là où dans les précédents volets l’histoire n’étant en fait qu’un simple prétexte pour permettre à David Lapham de partir dans des délires les plus absurdes et pourtant les plus divertissants, dans une violence gratuite et que l’on appréciait néanmoins avec un plaisir coupable, elle se retrouve à être crédible et à passer en premier plan, reléguant l’humour derrière elle. Assez paradoxale de voir une série qui prônait clairement le délire sans limite, essayer de devenir plus sérieuse et d’offrir une véritable fin à l’histoire de Lapham. D’autant plus absurde que l’histoire de départ était complètement fantasque. Au final, ce « sérieux » a raison de l’humour et l’on se retrouve avec un truc difficile à cataloguer. Même si quelques moments d’humour subsistent, la magie n’opère plus. Et ce qui était absurde et drôle devient fade et chiant.
Et si Lapham surprend avec cette nouvelle direction, le travail au dessin surprend tout autant. La faute, tout d’abord, à la présence de trois dessinateurs (Lapham et Shawn Crystal épaulant Kyle Baker) aux styles tellement différents ! Ils sont si loin du style « dégueu » et sale de Baker, aux couleurs délavées. C’est assez choquant à voir pour être honnête. Et ensuite, Kyle Baker se contente du strict minimum, se reposant un peu trop sur ses acquis des deux premiers volumes. Si son style correspond toujours autant à l’esprit du récit, le travail fournit paraît parfois moins appliqué, plus brouillon. Assez dommage, car la partie graphique était vraiment un plus pour ce titre.
Bref, difficile de comprendre ce qu’il s’est passé entre la saison une si jouissive à lire et cette saison deux si morne, si fade, si décevante. Le volte-face scénaristique, et l’aspect fatigué des dessins nous laissent un sourire crispé de façade. Dommage de finir sur une fausse note…
