Là Où l’Étalement Tue

On retrouve l’aviateur Curtis, du tome précédent, aux côtés d’Aker cette fois.
Juste après la guerre, à la recherche des ivoires noires. Carl Jung en guest star cite le nom complet, à rallonge, d’un peintre capable de reproduire avec art les jeux de carte, un certain Pablo bla bla bla bla bla bla Picasso sur quatre ou cinq lignes, comme une manière d’étaler sa confiture de culture de manière inutile et indécente. Un nouvel élément vient – j’imagine que la volonté était densifier – encore embrouiller le récit : la multiplication des univers, et la possibilité induite alors de jouer sur plusieurs plans. Une manière encore de compliquer un récit que l’auteur a pourtant du mal à rendre clair et lisible, attrayant et plaisant.

Bref, retour aux défauts de la série : trop de secrets dans l’histoire. On se prend un instant au jeu, le temps d’ouvrir le volume, parce que pour une fois il s’agit d’une suite directe, que le mystère et les attentes nées de l’épisode précédent ont intrigué, mais les clés, les articulations développées ici ne sont pas à la hauteur.
Igor Korbey garde son niveau malgré tout. Dynamise au montage enfin (relativement) trouvé, portraits appliqués, mais de son côté également certains défauts refont surface, approximation dans les décors notamment.

De plus en plus L’Histoire Secrète ressemble à une tartine de culture imbue d’elle-même, un étalement fier et méprisant de soi-même aux dépends du plaisir du lecteur. La Loge Thulé semble bien préparer quelque chose d’une intrigue à venir autour du IIIème Reich mais, encore une fois, on se demande si l’auteur sait réellement où il va, s’il a réellement une histoire en tête, solide et ordonnée, articulée et signifiante, ou s’il se laisse bercer, album après album, par une satisfaction personnelle et par l’appât du gain en série.

      Matthieu Marsan-Bacheré