Un dixième album bourré de bonnes idées, enfin l’univers de Vinéa aurait pu être exploité à pleine puissance : une colonie de Vinéens qui a fui la tyrannie du Guide Suprême, une planète fanatisée sous la férule du Grand Initié, une rivalité mordante entre Sikan le grand maître de l’énergie et Myrka la responsable du miroir, et une cité baroque nichée sur les débris d’un astre réduit en miettes ... Servi par le dessin toujours irréprochable de Roger Leloup pour les décors et les plans larges, voilà un album qui promettait le dépaysement parfait façon space opéra !
Malheureusement, la Lumière d’Ixo reste une aventure truffée de défauts, qui gâchent les belles opportunités de l’intrigue : erreurs de dessin, oublis dans la mise en couleur, faux raccords de placement d’une vignette à l’autre, mise en scène chaotique dans les dernières pages ... sans oublier des dialogues cérémonieux qui ont affreusement mal vieilli. C’est également le premier album qui comporte une véritable impossibilité physique : la planète Shyra, dont les débris auraient dû être dispersés par l’attraction d’autres astres. Enfin, du côté de la cohérence, on sera surpris que les Vinéens n’aient jamais remarqué que tous les 5 ans, il y a rien moins qu’une planète entière qui vient hanter la banlieue de Vinéa !
Mais surtout, Yoko a perdu toutes ses dents ! Où est passé le personnage impulsif, intrépide, bourré d’audace ? Ici, comme dans les derniers albums de Tintin, Yoko n’est plus qu’un spectateur angélique et passif : toute l’action est amenée par une batterie de personnages secondaires bien plus hauts en couleur (Pol et Poky, mais également Myrka).
Bref, ce dixième album reste un voyage grisant ; mais venant de l’excellent Roger Leloup, on aurait pu espérer une intrigue cent fois mieux ficelée.