Le premier adjectif qui m’est venu à l’esprit et qui ne m’a plus quitté durant la lecture de cette BD-reportage est : magnifique. Les dessins / peintures d’Emmanuel Lepage sont vraiment magnifiques. Autre dimension tout à fait remarquable : il nous fait habilement vivre son aventure et ressentir ses émotions. Sur ce point, la fin est particulièrement réussie. Emmanuel Lepage nous raconte aussi l’histoire de l’Antarctique (continent sur lequel je savais très peu de choses) afin que l’on mesure, un peu, le caractère extrême de la destination des scientifiques et des aventuriers qu’il accompagne. C’est aussi une belle histoire de fraternité puisqu’il fait le voyage avec son frère, François, dont les photos complètent joliment les dessins. Il existe une certaine compétition entre eux mais quand l’un d’eux était en difficulté, l’autre était là pour le soutenir.
* Attention, à partir d’ici je spoile un peu *
Certains critiques ont reproché à E. Lepage de ne pas avoir rempli son contrat initial. En effet, après leur périple en bateau, il devait faire un reportage dessiné sur les scientifiques de la base Dumont d’Urville avant d’effectuer le raid vers la base Concordia. Le temps a manqué à cause des intempéries et, lorsqu’il a fallu choisir, il a préféré vivre son rêve (le raid) plutôt que de réaliser le reportage attendu de la base Dumont d’Urville. Comment lui en vouloir ? S’il avait fait le reportage sur la base, il n’aurait été qu’un observateur attentif, sans doute un peu écrasé par les travaux très pointus des scientifiques glaciologues, météorologues, sismologues, etc. En se mettant au cœur de l’action, en vivant cette aventure insensée qu’est le raid sur la lune blanche, il a pu nous livrer cet étonnant carnet de voyage dessiné et photographié, que j’ai trouvé captivant et très beau.