La Lune est blanche - Terres australes, tome 2 par belzaran
Après « Les îles de la désolation », il est proposé à Emmanuel Lepage de rédiger un livre sur l’Antarctique et la base Dumont d’Urville. Il se lance dans le projet avec son frère François, photographe de son état. Le projet est des plus excitants : les deux frères doivent participer au Raid, une expédition de ravitaillement de la base Concordia située en plein milieu du continent. C’est donc un documentaire à quatre mains qui nous est proposé, pour plus de 200 pages. Le tout est publié chez Futuropolis.
J’avais été séduit par le dessin magnifique de Lepage pour « Un printemps à Tchernobyl ». Je relance donc la machine avec cet ouvrage auréolé de critiques toutes plus enthousiasmantes les unes que les autres. Je retrouve ainsi le style de l’auteur : le récit est beaucoup centré sur lui-même (et son frère) et propose quelques explications historiques qui agrémente le reste. Beaucoup de contemplations, de descriptions de personnes. Tout cela un peu au détriment de l’aspect technique.
Difficile de ne pas décrire ce qui m’a gêné sans spoiler un petit peu le tout. Le début est très long et parle avant tout de l’excitation des deux frères à l’idée de faire le raid. C’est finalement le fil rouge du livre : pourront-ils faire le raid ? Cet aspect hautement égocentrique m’a profondément gêné. Car pour pouvoir faire le raid, les auteurs n’hésitent pas à abandonner le but premier du livre : décrire la base Dumont d’Urville. Ainsi, je me suis senti spolié : le livre porte majoritairement sur le raid et le voyage en bateau. C’est très intéressant bien entendu, mais quand le raid se termine, le livre aussi. Quid de Concordia ? Du retour ? Rien ! D’ailleurs, un dossier en fin de livre expédie le tout avec quelques textes et des photos.
Passé cette déception, force est de constater que le livre est splendide. C’est certainement l’une de plus belles bande-dessinées que j’ai pu lire. Car au-delà de son talent graphique, Emmanuel Lepage sait aussi parfaitement gérer sa mise en page, inventive et variée. Je suis en revanche beaucoup plus dubitatif sur l’apport des photos de François Lepage, qui arrivent comme un cheveu sur la soupe et n’apporte rien de plus que ce que les dessins de son frère exprime. Ses textes sont intéressants, mais le travail à quatre mains m’a semblé peu pertinent. Après, il est difficile de mesurer l’impact de chacun dans le scénario et la construction de l’ouvrage.
Si le livre souffre parfois de longueur, force est de constater que l’on est happé du début jusqu’à la fin par cette histoire et ce voyage vers des terres si hostiles. Difficile de ne pas ressentir l’envie de découvrir tout cela par nous-mêmes et de s’intéresser au sujet de plus près. Emmanuel Lepage sait capter l’attention du lecteur.
« La Lune est blanche » est un ouvrage comme on n’en retrouve peu. Abordant un sujet très particulier et doté d’images splendides, il ne laissera personne indifférent. Je regrette cependant que l’ouvrage soit avant tout un carnet de voyage, centré sur les auteurs. J’aurais préféré un ouvrage avec plus de recul.