Les losers sont un groupe hétéroclites d'anciens agent Black Ops employés par la CIA. Au cours d'une opération se déroulant en Afghanistan, le groupe découvre une sombre secret qui pourrait mettre en péril l'avenir de l'Agence. Trahis et laissés pour mort par cette dernière, il n'ont désormais plus qu'un seul but : livrer bataille contre leur ancien employeur et contre un agent insondable et immortel répondant au nom de Max.
De l'aveu du scénariste Andy Diggle lui-même, Losers est un comics d'action/espionnage qui se veut un vibrant hommage aux films d'action américains scénarisés par le talentueux et irrévérencieux Shane Black.
La narration est donc très fluide et calée sur celle des films d'action comme l'Arme fatale ou Die Hard avec un découpage très cinématographique et un rythme d'explosions et d'adrénaline soutenu.
C'est à la fois la plus grande force du titre mais également son talon d’Achille. La volonté de l'auteur de vouloir suivre les codes hollywoodiens permet de fournir à l'histoire un rythme d'une rare intensité ainsi qu'une intrigue riche en rebondissements mais empêche la BD de se démarquer de la sempiternelle histoire de « l'agent de la CIA trahi par ses propres collègues ».
Néanmoins, étant donné que la liberté accordée dans le monde de la bande-dessinée est plus importante que celle du cinéma, attendez-vous à pas mal de critique vis-à-vis de la politique Américaine, du capitalisme débridé et du monde occidental en général. En pleine paranoïa post-11 septembre, L'auteur ne mâche pas ses mots et les théories du complots sont légions.
Le point central de l'histoire, c'est le groupe en lui-même.
Entre Clay le chef de la bande, Cougar le sniper lunatique, Jensen le facétieux Hacker, Pooch le génie de la mécanique, Roque le vénal de la bande et la mystérieuse en flippante Aisha, les losers forment un groupe disparate moralement ambiguë et assez inhabituel...donc passionnant à suivre !!!
Les relations « brut de décoffrages » entre les différents membre de groupe sont pimentées et assermentées de touche d'humour plutôt bienvenues comme la tentative de drague ratée de Jensen ou le vocabulaire très imagé du colonel Clay.
Les dialogues sont au final très axés sur un humour second degrés ravageur mais également sur des thèmes importants comme la corruption des instances politiques, la guerre pour des motifs économique, le patriotisme aveugle et les failles d'une démocratie. Malgré une prédisposition pour la violence et le meurtre, les Losers sont attachés à une certaine idéologie et à une volonté d'éviter de tuer des innocents. D''après eux, le but du groupe est la justice, mais il ne faut pas énormément de temps pour basculer de la justice à la vengeance meurtrière.
Graphiquement, si la colorisation est un peu particulière, les dessins de Jock collent à merveille avec l'ambiance du comics. Il propose une mise en scène hollywoodienne et des personnages très facilement reconnaissables. En revanche, certaines scènes d'action sont illisibles dû à une surcharge de détails inutiles et à un découpage bon mais pas toujours judicieux.
A la fois drôle dans ses dialogues, mature dans ses thèmes, soigné dans sa partie graphique et inventif dans ses scènes de combat, Losers arrive à récupérer les codes du films d'action sans tomber dans ses travers. Bref, un excellent moment de lecture !
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