La Maison de poupées, deuxième tome des aventures de Catwoman par Judd Winick et Guillem March, c’est un peu comme un diamant brut trouvé dans une brocante : tu espérais une pièce de collection, mais tu te retrouves avec une babiole un peu clinquante. Entre intrigue alambiquée, personnages qui miaulent plus qu’ils ne griffent, et scènes tape-à-l’œil, ce tome peine à faire ronronner de plaisir.
L’histoire plonge Selina Kyle dans une nouvelle intrigue mêlant une maison lugubre, des victimes enlevées, et une ambiance qui se veut oppressante. Mais le scénario de Judd Winick ne parvient jamais à trouver un équilibre entre thriller psychologique et action débridée. Les rebondissements s’enchaînent sans toujours sembler cohérents, et les enjeux émotionnels, pourtant au cœur de Catwoman, sont survolés. Résultat : on suit les péripéties, mais sans jamais vraiment s’y investir.
Côté dessin, Guillem March sauve un peu les meubles avec son style ultra-détaillé et ses personnages sensuels, parfois trop. Les planches regorgent d’énergie, mais cette esthétique hyper-glamour frôle parfois la caricature, notamment dans la façon dont Catwoman est représentée. Oui, Selina Kyle est séduisante, mais la surenchère visuelle peut rapidement fatiguer. Les décors de la fameuse "Maison de poupées", pourtant censés être le cœur de l’intrigue, manquent également d’une vraie atmosphère gothique ou inquiétante.
Le point faible de ce tome, c’est son incapacité à creuser les personnages. Selina Kyle reste un personnage captivant, mais ici, elle se contente trop souvent de réagir aux événements au lieu de les dominer. Ses dilemmes moraux, sa dualité entre voleuse et héroïne, sont relégués au second plan, au profit de scènes d’action spectaculaires mais creuses. Quant aux méchants, ils manquent de consistance et peinent à marquer l’esprit.
Le tout donne une impression de produit calibré pour séduire visuellement, mais qui n’a pas assez de substance pour satisfaire pleinement les fans de Catwoman. C’est comme un saut de toit en toit qui finit par s’essouffler avant d’atteindre la dernière corniche.
En résumé : La Maison de poupées est un tome visuellement attractif mais narrativement déséquilibré. Si tu aimes voir Catwoman en action, tu trouveras ici de quoi te régaler les yeux, mais ne t’attends pas à un récit qui gratte vraiment sous la surface. Une aventure sympa, mais sans les griffes acérées qu’on attendrait d’une vraie chasseuse de la nuit.