Il manque un petit quelque chose de je ne sais quoi pour...

Autant le dire tout de suite, en entamant ce premier tome de Coffin Hill, nouveau titre dans la gamme Vertigo d’Urban Comics, je n’attendais pas grand-chose. Guidé, en fait par la qualité des œuvres proposées dans cette gamme jusqu’à maintenant et par la présence d’Inaki Miranda au dessin, le dessinateur argentin étant un véritable coup de cœur de ces dernières années.

Au terme d’une nuit dans les bois mêlant sexe, drogue et magie noire, Eve Coffin se réveille nue, couverte de sang et incapable de se remémorer les événements passés. L’un de ses amis a disparu, une autre séjourne en hôpital psychiatrique et la dernière sait tout de la responsabilité d’Eve durant cette nuit.
Coffin Hill est une toute nouvelle série du label Vertigo, scénarisée par la romancière Caitlin Kittredge (Les Ténèbres de Londres) et dessinée par Inaki Miranda (Fairest).
Au cœur de la Nouvelle-Angleterre, le binôme explore la part d’obscurité présente en chacun de nous via le spectre d’un thriller d’horreur inédit. Un hommage à leurs auteurs de prédilection : Raymond Chandler, Neil Gaiman et H.P. Lovecraft.
(Contient COFFIN HILL Vol.1 : #1-7)

Et je dois bien dire que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire. Je me suis un peu senti perdu avec ces bonds dans le passé et je n’ai pas tout de suite réussi à cerner ce qu’il se passait. Mais il flottait quelque chose de malsain, de sombre voir d’horrifique pour me pousser à continuer. Et surtout les dessins d’Inaki Miranda, au summum de sa forme !

Le dessinateur, associé à la coloriste Eva de la Cruz nous offre des planches absolument magiques. Certes les visages, la peau des personnages peuvent paraître un peu lisse, mais quand on voit la force de conviction des expressions, la beauté d’ensemble des personnages, la brillance des couleurs, les décors, l’ambiance oppressante et d’horreur qui nous tombe dessus, c’est un véritable régale pour les yeux. Inaki Miranda excelle dans les histoires d’horreurs, cela passe presque naturellement au milieu du reste et arrive en même temps à nous glacer le sang. Certaines cases réussissent à déclencher le palpitant comme lors des meilleurs films d’horreur ou d’angoisse du genre.
Et il est plaisant de voir un artiste autant travailler ses personnages. Ils ont leur look, leur design, leur petit quelque chose qui les démarque des autres. Et cela se ressent surtout chez Eve Coffin. Personnage magnifique, un rien gothique, un poil malsaine, dérangeante, mais juste superbe avec son œil blessé, ses tatouages, ses tenus, un personnage qui marque au premier coup d’œil.

Le démarrage de ce tome est très, trop, rapide. On y découvre une Eve Coffin, simple agent de police, encensée pour avoir arrêté un tueur en série alors qu’elle semble s’en contre-foutre. Puis on l’a retrouve lors d’une dispute de couple, qu’elle semble connaître, des coups de feu sont échangés, puis on se retrouve à l’hôpital où Eve se retrouve entre la vie et la mort. Viens ensuite un flashback, dix ans plus tôt, où la jeune fille, deux copines et un pote sont en pleine forêt de Coffin Hill, pour un trip sorcellerie à se faire peur la nuit dans les bois. Mais là, ce n’est pas qu’un trip, Eve se réveille nue et couverte de sang, une de ses amies perd la boule, la seconde a disparu et le dernier lui fait la tronche. Le tome va ainsi, tout au long de ses sept chapitres, alterner entre le présent, où Eve retourne chez elle après avoir perdu son boulot, comme happée par la forêt de Coffin Hill comme toute sorcière qu’elle est, et le passé sur ce qu’il s’est passé il y a dix ans dans ces mêmes bois.

Bois de Coffin Hill. Eve Coffin. Oui le nom est le même, et pour cause la ville à été bâti par sa famille, lorsqu’elle celle-ci s’est éloigné de Salem et ainsi éviter la terrible chasse aux sorcières qui s’y est déroulé. Eve en est la descendante, et en rebelle qu’elle est, tant de par ses vêtements provocateurs, ses tatouages nombreux ou sa façon de parler, adore la magie noire et l’encense. Jusqu’au drame, jusqu’au moment ou la sorcellerie n’est pas qu’un simple mot et que des puissances bien supérieures à elle parcourent aussi les bois de Coffin Hill.

Lorsqu’elle revient à Coffin Hill, perdue (même si elle ne veut pas le reconnaître) Eve arrive alors que des jeunes filles ont disparu dans les bois. L’enquête va lui tenir à cœur, malgré la présence en tant que shérif de Nate, le seul autre du groupe à avoir réussi à s’en tirer il y a dix ans. A partir de cela tout s’enchaîne, l’ambiance devient toujours plus noire, toujours plus oppressante. Magie noire, rituel de sang, possession de corps, démons, tous les grands éléments du genre sont là.

L’ambiance d’horreur est là, les dessins qui font froid dans le dos sont là, le personnage emblématique et fort (Eve) est là, l’intérêt également, malheureusement il manque un petit quelque chose pour vraiment se faire happer par le titre. Peut-être ces nombreux bonds dans le passé. Cela est un peu confus par moment et certains passages nous tombent trop vite dessus, des passages importants mais qui n’ont pas d’incidence pour la suite (comme la nuit entre Eve et Nate…)
Les personnages sont riches, intéressants, charismatiques, l’histoire se laisse lire même si cela reste assez classique pour le genre, mais tout est très rapide. Je ne sais pas où va se diriger le titre par la suite, un tome deux est déjà annoncé, mais j’aurais gardé cette histoire de ce qu’il s’est passé il y a dix ans comme toile de fond pour le titre. Surtout que la finalité est vite comprise lors de la lecture, cinquième chapitre, mais cela traine jusqu’au sixième. Le septième étant un back up sur la maman d’Eve.

Bref, belle surprise, une ambiance horrifique géniale, un personnage d’Eve vraiment unique et marquant, des dessins de toute beauté, une histoire plaisante, mais il manque un petit quelque chose, dans la construction narrative, dans la direction prise pour vraiment être un titre cinq étoiles. Excellente lecture malgré tout.
Romain_Bouvet
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le 25 janv. 2015

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Romain Bouvet

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