Guinea Pig.
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Incontestablement, le sommet de l'oeuvre d'E.P. Jacobs. La Marque jaune a ici toutes les qualités de l'oeuvre de l'artiste avec une remarquable ambiance (le dessin est d'une formidable justesse, et Londres sous la pluie, le brouillard puis la neige propose une fantastique immersion géographique et temporelle), une intrigue mêlant policier et fantastique, mais surtout un rythme parfait. Si Le Secret de l'Espadon péchait par son rythme trop trépidant, et si Le Mystère de la grande pyramide était parfois trop bavard, La Marque jaune trouve le rythme parfait entre mise en place de l'intrigue, rebondissements et résolution.
E.P. Jacobs a, en outre, la formidable idée de revenir le plus souvent à des planches à trois bandes donnant ainsi un résultat plus aéré et des décors plus grands. Or comme ces derniers sont toujours réussis et détaillés, le résultat est bien meilleur. Si la fin est un brin trop bavarde et si E.P. Jacobs ne parvient pas à se défaire de ce défaut de raconter parfois trop ce qu'il dessine, on passe très facilement par-dessus ces quelques petites réserves tant l'histoire est intrigante et tant la démesure de l'antagoniste est à la hauteur de son intelligence scientifique. C'est, par ailleurs, l'épisode où la complémentarité des esprits de Blake et Mortimer se complètent le mieux pour triompher. D'un côté, l'esprit rigoureux de Blake le militaire et, de l'autre, l'esprit plus intuitif du pourtant scientifique Mortimer, toujours plus aventurier et au coeur de l'action que son compère.
La Marque jaune est culte. A la relire, on comprend pourquoi. Elle est, toute proportion gardée, plutôt effrayante avec ses nombreuses séquences nocturnes, ses références expressionnistes cinématographiques et ses clins d'oeil littéraires. La couverture est certainement parmi les plus belles que le neuvième art ait donné. La résolution peut paraître décevante au regard de la formidable tension qu'a su créer Jacobs pendant une cinquantaine de pages mais le résultat reste, plus de soixante ans après sa publication, une formidable expérience. Du très grand art.
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le 6 juin 2021
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