Voilà un premier tome qui s'apparente à une véritable introduction à l'univers de Wayne Shelton. Wayne Shelton, un des derniers personnages principaux créés par Jean Van Hamme, n'est pas un jeune premier. La cinquantaine assumée, ce mercenaire élégant est autant intéressé par l'argent que par les femmes. Ancien du Vietnam, doué pour l'infiltration et la castagne, c'est un homme d'action que le temps n'a pas ramolli. Au contraire, son expérience en fait un mercenaire encore plus efficace. Dans la veine d'un Bruno Brazil, Wayne Shelton préfère le travail en équipe. Ce premier opus consiste, en partie, à la présentation de l'équipe qu'il constitue pour réussir la mission qu'on lui a confiée. Pas certain que tous les personnages s'inscrivent dans la durée de la saga mais, comme très souvent chez Jean Van Hamme, l'esprit du cinéma américain est ici de la noce. Une mission présentée comme quasi impossible ou, pour le moins, suicidaire, un homme d'action qui réunit plusieurs profils pour l'aider, un paquet de dollars à la clef, on plonge dans le récit de commando des films des années 60 et 70.
Comme toujours avec Jean Van Hamme, le récit est bien mené. Multipliant les points de vue pour éviter un récit trop linéaire, il abuse de ruptures parfois abruptes pour tonifier son histoire. C'est très cinématographique et tout à fait habile pour ne jamais provoquer l'ennui du lecteur. Après une scène d'exposition un peu bavarde et complexe qui présente la fameuse mission qui lui est proposée, Wayne Shelton concocte son plan. De prime abord, le héros n'est pas forcément sympathique. Sûr de sa force, dur à cuir, cynique par moments, il incarne une certaine force tranquille un peu trop appuyée qui empêche, au début, une véritable empathie. Les équipiers qu'il réunit sont dans la droite ligne des films de commando avec ses habituels archétypes. Jean Van Hamme joue tellement de ces archétypes dans ses récits qu'on se demande s'il ne sombre pas parfois dans la caricature. Difficile de ne pas penser autre chose par moments dans ce titre.
L'impression est d'autant plus forte que le scénariste abuse dans ce premier tome de clichés en tout genre. Que ce soient les personnages ou les situations, on retrouve des éléments vus ailleurs des dizaines de fois. Cependant il faut reconnaître à Jean Van Hamme son efficacité. On a beau déjà avoir entendu l'orchestre jouer, la partition est bien faite et elle s'écoute une fois encore avec plaisir. Le dessin de Christian Denayer, qui s'assimile à de la ligne claire, est plutôt précis. Ses personnages sont bien esquissés, ses paysages réussis et ses différents bolides tout à fait dans le ton. L'action semble, par ailleurs, plutôt bien rendue dans les quelques séquences mouvementées qui nous sont offertes. On attend la fin du dyptique pour avoir un avis plus tranché, mais on se trouve là, a priori, avec une série B d'action dépaysante et plutôt efficace à défaut d'être originale et marquante.