Avec Fatale, le duo Brubaker-Phillips met brillamment le pied dans l'univers du fantastique.
Maîtres du polar noir, les 2 compères appliquent leur bonne vieille recette en y saupoudrant des soupçons de surnaturel et ça fonctionne vraiment bien, notament grâce aux planches éblouissantes de Phillips qui sont un vrai régal à dévorer.
Le gros défaut de ce premier tome tient sans doute dans sa volonté de faire des allers-retours incessants entre différents personnages à différentes époques, si bien qu'on finit par être un peu perdu et qu'il faudra immanquablement relire ce tome avant d'entamer le deuxième pour tous les lecteurs qui ne souhaitent pas les enchaîner d'une traite.
Ajoutons que le style Brubaker qui consiste à afficher plus de bulles narratives que de bulles de dialogues (créant ainsi un effet roman dessiné) ne m'avait pas gêné dans ses autres productions, mais atteint véritablement sa limite d'acceptabilité dans Fatale où il nuit franchement à l'action/immersion.
Dernier point noir, la volonté de ne jamais voir Joséphine dévoiler ce qu'elle sait des phénomènes surnaturels qui l'entourent. C'est agaçant car créer le suspense de cette manière est légèrement malhonnête tant son personnage doit clairement des explications aux hommes dont elle détruit la vie. On comprend mal son mutisme ou ses évitements.
Reste un joli tome d'introduction, dense, qui donne envie de lire la suite même si j'aurais préféré que Brubaker et Phillips jouent un peu plus la simplicité du point de vue de la narration car cette mise en scène entremêlant toutes ces histoires et trop nombreux personnages est purement artificielle et perd le lecteur plus qu'il ne crée d'intérêt.