Évidemment, l'histoire d'un Républicain espagnol s'étant retrouvé dans la "Nueve", la division essentiellement composée d'espagnols qui est entrée en premier dans Paris pour sa libération, avait de quoi m'interpeler. Après les bouquins lus récemment sur la question, j'étais assez contente de continuer à creuser ce sillon de l'histoire ingrate de la lutte contre le fascisme. Ingrate, parce que la France n'a été ni tendre ni reconnaissante envers ces réfugiés qui ont consacré leur vie à combattre ce qu'il convient d'appeler la Bête. D'abord parqués dans ces camps dans le Sud de la France, les Républicains défaits n'ont parfois pas eu d'autre choix que d'entrer dans la Légion, après des mois voire des années de misère. Paco Roca se met en scène dans sa quête de précisions auprès d'un irascible vieillard qui n'a pas très envie de fouiller dans sa mémoire. Et pourtant, elle recèle un trésor pour le dessinateur qu'il est. Après, je n'ai pas été emballée emballée par la forme de son récit. Le dessin est un peu trop sobre à mon goût et frôle parfois le lapidaire, et les chapitres sont d'un intérêt assez inégal. Malgré tout, on suit jusqu'au bout les rebondissements de ce destin hors du commun, celui d'un homme qui pensait libérer la France pour ensuite débarrasser l'Espagne de Franco, mais qu'on a abandonné au bord du chemin, un peu isolé quand tant de ses compagnons avaient péri en route. Il était nécessaire de regarder en face cette trahison nationale, d'appeler le régime de Vichy par les noms qu'il mérite, et de confronter chacun à ses responsabilités. C'est l'intérêt indéniable de ce gros volume même si, en terme de lecture, il ne procure guère de frissons.