Un tombeur de nana sous hypnose, des morts-vivants et … des partiels de nécromancie.
L’album qui a transcendé la série Donjon Potron-Minet et donné un regain d’intérêt à celle-ci ! En effet, avant la parution de cet album, les seuls Donjon se déroulant à l’époque Potron-Minet étaient les deux premiers albums dessinés par Blain, mettant en scène un héros extrêmement naïf grâce à un dessin mal griffonné. Si l’on ajoute que le ton de certains passages de ces albums sentaient bon l’eau de rose, on peut comprendre que la série Donjon Potron-Minet n’ait pu emporté une totale adhésion à ses débuts. Autant dire que La nuit du tombeur – album en tous points enthousiasmant – a totalement changé la donne !
En mettant le candide Hyacinthe de Cavallère au second plan au profit d’Horous, véritable héros de cet épisode, Sfar et Trondheim peuvent ainsi développer un récit exempt des mièvreries qui apparaissaient dans les deux premiers Donjon Potron-Minet de la série. Il en résulte un scénario haletant, qui se déroule comme un bon film à suspense. On se prend au jeu de l’enquête que mènent les personnages pour résoudre le mystère initial et comprendre de quel coup tordu est victime notre cher Horous. Ce personnage est d’ailleurs pour moi l’un des plus réussis et des plus attrayants de l’univers Donjon – à la fois prétentieux et maladroit, austère et pince-sans-rire, drôle et intimidant – et il est pour beaucoup dans l’intérêt que possède cet album.
Ajoutons que le scénario est aussi intrigant que drôle (avec un humour finement dosé) et qu’il distille quelques révélations excitantes sur l’origine du Donjon (genèse du trio Hyacinthe – Horous – Alcibiade, prémices de la construction du Donjon avec agrandissement de la bâtisse, construction de douves, logement des premiers monstres … mais aussi découverte de l’origine de Zongo !). Bref, Sfar et Trondheim nous ont régalé sur ce coup et l’ère Potron-Minet s’enrichit considérablement !
Inconnu au bataillon au moment de la parution de l’album, J.E. Vermot-Desroches réalise avec La nuit du tombeur tout simplement sa toute première BD ! Découvert par Joann Sfar sur un obscur site Internet qui avait pour fonction de publier des planches de BD numérisées d’auteurs amateurs et jeunes talents issus des quatre coins du monde, il se voit confier par Sfar et Trondheim la réalisation d’un album Donjon, qui font là le pari assez insensé de confier à un novice un album de cette envergure ! Pari gagné puisque le résultat est tout simplement magnifique. Le dessin de Vermot-Desroches est esthétique sans être lisse, clair sans être simpliste, dans la lignée des productions « Nouvelle vague » sans manquer toutefois de personnalité. Surtout, Vermot-Desroches ne se borne pas à imiter le style de Blain, mais impose au contraire son propre style et sa propre vision de l’univers de Donjon Potron-Minet, avec des planches plus aérées, moins écrasantes, formées de moins nombreuses mais plus grandes cases, pour un résultat visuel que je trouve plus agréable.
Au final, bien que classé dans la série Donjon Monsters, cet album ne peut être dissocié de la période Donjon Potron-Minet, tant il s’en approprie l’essence. Je conseille de le lire juste après les deux premiers Donjon Potron-Minet de Blain et juste avant Une jeunesse qui s’enfuit (DPM-97) et Mon fils le tueur (DM7).