La Page blanche par Ghislaine Borie
Je connais bien le travail de Boulet, beaucoup moins celui de Pénélope Bagieu, bien que je sois capable de reconnaître ses illustrations, mais je pense que je vais m’y mettre rapidement. J’ai adoré cette Page blanche, collaboration inspirée et fructueuse de ces deux jeunes artistes.
Eloïse Pinson est assise sur un banc quand tout à coup, elle se demande ce qu’elle fait là. D’ailleurs, elle ne se souvient même pas qu’elle s’appelle Eloïse Pinson. Elle ne se souvient de rien qui concerne directement son existence. Ni son adresse, ni son travail, ses collègues, ses goûts, rien. Petit à petit, elle reconstitue le puzzle, sans pour autant se rappeler quoi que ce soit, et elle fait connaissance avec elle-même. Et étrangement, la nouvelle Eloïse (un rapport avec l’Héloïse de Rousseau, que je n’ai pas lu??) ne s’apprécie pas beaucoup. Elle lit du Marc Lévy, utilise des gels douches fruités écœurants, fréquente des collègues de travail aux conversations limitées aux séries du moment… Malgré un puzzle de son existence encore plein de trous, Eloïse jette l’éponge… peu importe qui elle était, ce qui compte c’est ce qu’elle est maintenant.
Voilà une fable contemporaine et urbaine dans laquelle on sent tout la poésie et l’onirisme dont est capable Boulet. C’est également drôle, et sensible. Et la touche féminine de Pénélope Bagieu est irrésistible. Les planches sont superbes, les couleurs éclatantes et les décors extrêmement soignés, pleins de petits détails qui donnent envie d’y revenir.