Un jeune fille sur un banc. Elle y passe la journée. Elle ne sait pas ce qu'elle fait là, ni même qui elle est. Elle va donc chercher à retrouver son identité.


Le sujet n'est pas franchement neuf, mais qu'importe. Sur cette base, on peut s'attendre à une bande dessinée à tendance psychologique et intimiste : la première planche s'y prête fort bien. Et ben non. En fait, le sujet de la perte d'identité ne manque même pas d’approfondissement, il n'est quasiment pas traité. Les auteurs n'ont rien, mais alors rien, à dire sur la question. Et quand on a lu, par exemple, La parenthèse d’Élodie Durand et qu'on se retrouve face à La page blanche - au titre assez révélateur, ma foi -, on a franchement envie de pleurer. De rage.


Donc, plutôt que d'explorer un sujet qui donnait lieu à d'innombrables possibilités, Boulet, qui a scénarisé l'album et dont j'apprécie habituellement le blog, a préféré en faire une pauvre petite BD racoleuse, où il recycle un certain nombre de ses strips en ligne. L'exemple le plus frappant est celui où l'on voit des clients de la FNAC réclamer à corps et à cris des navets littéraires aux vendeurs, thème qu'il avait traité de façon beaucoup plus drôle sur Bouletcorp.


Pénélope Bagieu n’est pas vraiment non plus à la hauteur ; je ne suis pas fan d'elle en tant que scénariste, je n'aime pas son blog (c'est rien de le dire), mais je trouve qu'elle ne s’en tire pas si mal comme dessinatrice. Or ici, on sent du laisser-aller. Même la colorisation, qui est le point fort de Joséphine et, surtout, de Cadavre exquis, n'est pas réussie.


Le tout est d'une platitude affligeante, à l'image de la fin vaguement moralisatrice et qui a fait gloser de nombreux lecteurs - je me demande bien pourquoi. En gros, le message délivré ressemble à ceci : il ne faut pas gâcher sa vie et essayer d'être tout le temps comme tout le monde, mais au contraire tenter de s'épanouir. Mmmmmh, ça vaut le coup de se taper 200 pages pour en arriver là...


C'est ce que j'appelle du travail bâclé, voire du foutage de gueule. Boulet donne ici la preuve qu'il a raison lorsqu'il clame dans ses BD, y compris dans celle-ci, que les succès de librairie sont tous des daubes.

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le 18 sept. 2015

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