Totalement dispensable
Jonathan Hickman sur Avengers (en attendant son relaunch de la licence des mutants), Jason Aaron sur Thor, Dan Slott sur Spider-Man ou encore Nick Spencer sur Captain America, nous avons la chance,...
le 22 juil. 2019
Comics de Evan Narcisse, Ta-Nehisi Coates, Paul Renaud et Javier Pina (2018)
En 2018, à l'occasion de la sortie du film Black Panther, Marvel décide de sortir une mini-série racontant de manière moderne l'origin-story de T'Challa/Black Panther. Pour cela ils font appel à Evan Narcisse, journaliste comics, qui devient scénariste pour la première fois, et il est épaulé par Ta-Nehisi Coates. Aux dessins, Paul Renaud et Javier Pina se relaient, le tout colorisé par Stéphane Paitreau.
Le fait de revenir en 2018 sur l'origin story de T'Challa est une bonne idée. En effet, elle avait été originellement racontée dans Fantastic Four #52-53 dans les années 60 lors de la première apparition du héros. Depuis, chaque scénariste qui est passé sur le personnage a rajouté des détails sur le passé de T'Challa, lui a rajouté des membres de sa famille (à la base fils unique, il a désormais deux demi-frères et une demi-soeur), à détaillé un peu plus le Wakanda, l'a modernisé, etc. Le tout donnant une tapisserie vaste, passionnante à explorer, où parfois les scénaristes ont construits en s'appuyant sur leurs prédécesseurs et parfois non. L'intérêt de cette mini-série est donc de rassembler au sein d'une seule histoire pas mal d'éléments épars qui ont été rajoutés au fil des années à Black Panther dans une seule histoire plutôt cohérente.
Donc y a vraiment des choses très intéressantes dans cette mini-série : on découvre enfin qui est la mère biologique de T'Challa : N'Yami qui n'avait été que nommée jusque-là mais dont on ne connaissait rien. Narcisse, en collaboration avec Coates, en fait un vrai personnage, une femme scientifique très intéressante, qui pose les bases de l'intrigue sur l'expansion spatiale du Wakanda qui sera ensuite teasée par Jonathan Hickman à de petits moments de ses New Avengers et surtout utilisé par Coates lors de sa 3e et 4e année sur le personnage pour l'incroyable arc : Intergalactic Empire of Wakanda.
J'ai vraiment aimé aussi de voir la famille de T'Challa enfin réunie ensemble dans une même histoire. On n'avait quasiment pas revu Hunter, son demi-frère blanc, depuis le run de Priest, et il n'avait jamais croisé la route de Shuri, sa demi-soeur, qui vient elle du run de Hudlin, qu'il avait commencé en l'imaginant comme un récit hors-continuité, se permettant de réimaginer l'origin story du personnage et lui rajoutant aussi son oncle S'Yan, avant que ce run ne soit intégré à la continuité en faisant fi des incohérences ainsi crées. Donc c'est vraiment hyper plaisant de voir Narcisse réussir à rassembler tout ça dans une même histoire qui se tient, de voir enfin ces personnages ensembles sur la même page. Et c'est génial de le voir se souvenir de Jakarra, le demi-frère de T'Challa, issu du run de Kirby sur le perso dans les années 70 et qui n'avait jamais été réévoqué depuis. Et on découvre enfin qui était sa mère et comment tout cela s'imbrique dans l'arbre généalogique du perso. Narcisse mixe même tout ça de manière plutôt maligne avec le clan de la Hyène, un élément issu du run de Hickman sur les FF et qui n'avait pas été réutilisé depuis.
Donc dans cette mini-série, Narcisse s'intéresse surtout à ce que va faire T'Challa dans ses premiers jours/semaines/mois/années sur le trône, notamment comment il va ouvrir le Wakanda au monde, alors que le pays s'était caché et isolé depuis toujours, ainsi que ses premières rencontres avec le reste de l'univers Marvel. Notre héros doit aussi gérer certains secrets de son défunt père et de son oncle et l'on découvre aussi les prémisses de ce qui amènera N'Jadaka alias Killmonger à devenir la menace qu'il est pour le héros.
C'est un récit hyper dense, bourré d'infos, bourré de caméos et avec des tartines de dialogues. Les bulles sont grosses, verbeuses, et écrit en plus petit que dans la plupart des comics Marvel. Le tout dans des pages très fournies en cases. C'est très dense, parfois un peu trop, surtout quand ça part dans du blabla scientifique de comics qui n'a jamais beaucoup de sens. En outre, le scénariste et ses dessinateurs ont un peu de mal à créer des moments forts en émotions. Il faut dire qu'ils ne prennent pas la place de le faire et préfèrent charger la mule en aventures inédites et jamais racontée jusque là de T'Challa avec le reste de l'univers Marvel. On découvre ainsi sa première rencontre avec Namor, Doom, le Winter Soldier, Luke Cage, une rencontre inédite avec Storm etc. Et la plupart ne sont pas réellement utiles et on aurait pu s'en passer, et ont tendance à casser un peu l'unité du récit global avec chaque numéro qui a tendance à être sa propre aventure autonome.
Je dois avouer que je ne suis pas non plus hyper fan de la caractérisation de T'Challa dans cette histoire, où il est plus imbu de lui-même que jamais, sans avoir non plus l'aura charismatique et mystérieuse qu'il avait chez Priest. Et son côté super scientifique est un peu trop appuyé. En fait il a ici un caractère à la Reed Richards, avec tous les défauts que ça peut comporter. Je préfère l'équilibre plus moderne qu'on a sur le perso, où le côté scientifique a été plus donné à Shuri (qui ici ne l'a pas vraiment, vu que c'est son ancienne caractérisation d'avant le film), et T'Challa est plus dans la stratégie et l'exploit physique (ce qui est déjà pas mal. Je ne sais pas s'il a vraiment besoin d'avoir inventé TOUTES les dernières innovations du Wakanda comme c'est le cas ici).
Bon et il y a un autre point qui m'embête avec cette histoire, c'est que dans tous ses efforts pour faire une histoire cohérente comportant une multitude d'éléments, elle fait quand même quelques retcons incohérentes et un peu gênante : l'ouverture du Wakanda au monde avait déjà été racontée en comics mais elle avait normalement lieu bien plus tard dans la continuité, lors du court run de Ed Hannigan qui termine la série des années 70 juste après le run de Kirby. Et par conséquent ce récit se retrouve un peu annulé en plaçant désormais l'ouverture du Wakanda entre la première apparition du héros chez les 4F et son premier team-up avec Captain America, avant qu'il ne rejoigne les vengeurs.
Plus gênant, c'est ce qui est fait avec Jakarra. Il se transforme en monstre normalement lors de la série de Kirby des années 70, mais cet évènement à désormais lieu à l'époque citée plus haut dans une autre intrigue, et sans que le personnage soit détransformé et rendu amnésique des évènements à la fin, ce qui rend cette histoire et le run de Kirby sur le perso malheureusement incompatible. C'est un peu dommage. Là où le récit arrive à mieux gérer la première confrontation avec N'Jadaka, où c'est joué de façon à être à peu près compatible avec le récit culte de Don McGregor dans Jungle Action où le perso apparaissait pour la première fois à la base. J'ai bien aimé également que le récit est l'élégance de ne pas reraconter Fantastic Four #52-53 ou le team-up avec Captain America, choisissant de seulement les évoqués succinctement. Le récit n'ayant pas la place pour rendre justice à ces récits. Par contre, la mort de T'Chaka est re-racontée, et pour le coup c'est clairement moins bien fait que les précédentes versions de cette histoire.
Concernant la partie graphique, les auteurs doivent gérer avec les pages hyper denses, donc forcément, ça ne leur permet pas forcément de déployer tout leurs talents. Par contre, Renaud et Pena ont des styles proches, donc le passage de l'un à l'autre artiste au fil des numéros ne gêne pas du tout. Mais c'est graphiquement très classique et sage, avec une colorisation qui elle aussi fait son job sans faire de miracles. Ca passe, mais j'ai pas trouvé cette histoire graphiquement sublime.
Donc au final, que penser de ce récit ? Comme introduction au perso, ça à l'avantage d'être hyper riche en info pour tout comprendre à Black Panther et à son univers en un récit et pour ne pas être perdu quand on lit n'importe quel run autour du perso ensuite. Mais le style hyper dense, surchargé d'informations, pourra aussi saouler le lecteur, et le manque de grand moments forts, marquants, riche en émotions, fait que la lecture risque d'être un peu plate et ne rend pas forcément justice à Black Panther, ne donne pas forcément envie d'en lire plus sur lui.
Par rapport à Qui est la Panthère Noire ? de Hudlin qui est souvent le classique conseillé pour découvrir le perso, au moins ici on apprend réellement à connaître le perso, avec en plus de vraies infos compatibles avec 90% de la continuité du perso. Mais c'est une narration moins fluide et cinématographique, c'est clair.
Donc je conseillerais avant tout ce récit à ceux qui veulent y voir plus clair dans la mythologie du perso et de sa famille simplement, quitte à ne pas lire le récit du siècle.
En tout cas un récit avec pas mal de bonnes idées et de bonne volonté, dont la connaissance de la continuité fera vraiment plaisir aux fans hardcores du perso ou de l'univers Marvel, mais dont l'exécution pêche un peu. Ca aurait mérité de raconter moins de choses, mais de les raconter mieux.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ma collection de BD numériques, Les meilleures histoires de Black Panther et Lu en 2020
Créée
le 23 oct. 2020
Critique lue 129 fois
1 j'aime
D'autres avis sur La Panthère Noire : Le Sacre de la Panthère Noire
Jonathan Hickman sur Avengers (en attendant son relaunch de la licence des mutants), Jason Aaron sur Thor, Dan Slott sur Spider-Man ou encore Nick Spencer sur Captain America, nous avons la chance,...
le 22 juil. 2019
Du même critique
Cette BD est géniale. Le concept de base, déjà, m'a immédiatement accroché et fasciné. On a un royaume où la famille royale est géante, avec des humains comme serviteurs et surtout comme nourriture...
Par
le 4 janv. 2016
20 j'aime
Premier tome de l'autobiographie en BD de Riad Sattouf. Une série qui reviendra à priori plus particulièrement sur son enfance, qui peut être source d'intérêt pour le lecteur puisqu'il l'a passé en...
Par
le 4 juil. 2014
19 j'aime
1
Une des sorties les plus médiatiques de la rentrée, et pour cause, c'est le nouvel album de Zep, et qui plus est, pour un public adulte. Pour l'occasion, Zep change de style et opte pour un style...
Par
le 15 sept. 2013
18 j'aime
3