La pluie du paradis
5.9
La pluie du paradis

BD de Yu Lu (2008)

Premier recueil d'histoires d'un jeune artiste en devenir, "la Pluie du Paradis" s'inscrit dans cette désormais quasi-tradition d'excellence graphique de la Bande Dessinée Chinoise, mais avec un je-ne-sais-quel-petit plus d'idéalisation, tant formelle que scénaristique, qui suffit à faire toute la différence.


Servis par un graphisme aussi hybride que magnifique, entre réalisme photo-poétique et stylisation d'inspiration SquareEnixéenne (Kingdom Hearts, Final Fantasy, quand même...), baignés de couleurs chatoyantes jusque dans leur obscurité, foisonnantes, harmonieuses, sensuelles et sensibles, mi-peinture mi-infographie (vous aimez la couverture ? C'est aussi remarquable à l'intérieur !), ces trois récits disjoints proposent d'aborder les rapports conjoints (eux) qui lient art, amour, sacrifice, et si les deux premiers segments, trop courts, se résument à de brillants exercices de style sans véritable substance, il en va autrement de celui qui donne son (beau) titre à l'ensemble.


A la croisée des cultures, sa narration emprunte respectivement (et avec respect) tant au manga, aux comics qu'à la bande dessinée européenne, ce qui tantôt la dépassionne, tantôt donne une belle densité à une histoire toute simple, mais au moins aussi belle, à l'argument parfaitement imparable. Ainsi donc, un jeune peintre en vogue déserte sa première véritable exposition, son premier véritable succès pour se perdre dans les rues serrées d'un petit village de province, à la recherche d'un grand amour perdu. Qui est cette jeune femme au regard si triste, dont il rêve constamment les yeux ouvert ? Comment se sont-ils rencontrés ? Pourquoi leurs routes se sont-elles séparées ? La retrouvera-t-il, au bout de la sienne ? Au fil des flash-backs successifs qui émaillent ses errances, les pièces du puzzle se mettent en place pour annoncer, dès les toutes premières pages, un dénouement inévitable.

Simple, tendre, généreux, authentique, un concentré de nostalgie. Et la plus agréable façon, sans doute, d'aborder ses propres blessures...
Liehd
7
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le 12 janv. 2014

Critique lue 90 fois

Liehd

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